La Confédération africaine de football (CAF) et SportFive, une agence du groupe (français) Lagardère, ont renouvelé, le 12 juin, pour 12 ans (2017-2028) leur accord de partenariat. Dans la corbeille, SportFive a placé un minimum garanti d'un milliard de dollars pour «continuer à commercialiser les droits média et marketing de la CAF pour toutes les éditions de ses compétitions majeures en Afrique», a indiqué le communiqué de la CAF, après la signature du nouveau contrat. Les compétitions concernées par le contrat sont : la Coupe d'Afrique des nations (phase préliminaire et tournoi final), le Championnat d'Afrique des nations (CHAN), la Ligue des champions CAF, la Coupe de la Confédération CAF, la Supercoupe de la CAF, le Championnat d'Afrique U20 et le Championnat d'Afrique U23. Au-delà des aspects qui collent à ce type d'accord (durée et montant du contrat que la CAF a pris soin cette fois d'annoncer) une question majeure subsiste. Pourquoi la CAF n'a-t-elle pas lancé d'avis d'appel d'offres à l'intention de tous ceux qui seraient intéressés par le marché des droits médias et marketing ? La réponse est simple et renseigne sur le système Hayatou. Il a tout cadenassé lors de la signature du premier contrat en 1993, en offrant un cadeau en or au patron de SportFive, à qui il a accordé un droit de préemption. Il a fermé le jeu. Les négociations pour un renouvellement de contrat concernaient prioritairement et exclusivement le premier partenaire (SportFive). Une des clauses du contrat de 1993 précise que la CAF doit accorder la priorité à SportFive et si ses propositions financières agréent la CAF, il y aura une reconduction. Issa Hayatou a utilisé ce stratagème pour avantager SportFive. Des voix se sont élevées pour dénoncer la démarche du président de la CAF. Un ancien membre de la Confédération, qui suit toujours l'actualité du football africain, a affirmé : «Il y a beaucoup à dire sur la relation SportFive-Issa Hayatou. Celui-ci s'est pratiquement substitué à l'instance et négocie en son nom sans qu'il juge utile d'en informer ceux qui sont en droit de tout savoir sur les actions et contrats qui engagent la CAF.» Issa Hayatou a rapidement pris la mesure de la dangerosité de son acte et ses éventuels prolongements pour son avenir à la tête de la Confédération. Il a trouvé la parade pour calmer le jeu. Il a inscrit ce sujet, renouvellement de l'accord CAF-SportFive, à l'ordre du jour de la prochaine réunion du comité exécutif de la CAF, prévu en août au Caire. A présent, beaucoup le soupçonnent d'avoir bradé les droits de la CAF au profit de son partenaire historique avec lequel il s'est enchaîné volontairement à vie. Le droit de préemption qu'il a accordé à SportFive depuis 1993 «a des relents de magouille», déplore un spécialiste en marketing. La première chose à faire est de dénoncer ce contrat et d'annuler le droit de préemption qu'Issa Hayatou a généreusement accordé à SportFive. Ce n'est pas tout. Issa Hayatou a un autre jardin secret. C'est celui qu'il cultive avec Eric Durand, à qui il a cédé la commercialisation des droits média et marketing des compétitions féminines (phase qualificative et tournoi final de la CAN dames) et les tournois officiels des U17. L'intéressé suit Hayatou comme son ombre là où il va. Le président de la CAF serait bien inspiré de dévoiler le montant et la durée du contrat qu'Eric Durand a signé avec le Camerounais au nom de la CAF. Les petits arrangements entre amis ne sont pas l'apanage de la FIFA. Y aura-t-il un CAFgate un jour ?