Lors d'une réunion du Conseil de sécurité, l'ONU a exhorté les Parlements rivaux libyens à accepter la dernière version de l'accord de paix. Les experts estiment que la sécurité du Maghreb est menacée par l'avancée de l'Organisation de l'état islamique. Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté, avant-hier, les factions libyennes à conclure rapidement un accord de gouvernement en acceptant les dernières propositions de son médiateur Bernardino Léon. Dans une déclaration adoptée par consensus, les 15 membres du Conseil soulignent «l'urgence pour les parties libyennes de s'accorder sur un gouvernement d'union nationale». Ils «encouragent fortement tous les participants au dialogue politique à considérer de manière positive les propositions contenues dans le quatrième projet d'accord et à s'engager à conclure rapidement un accord». L'ONU tente depuis des mois de trouver un compromis sur la formation d'un gouvernement d'union en Libye. Bernardino Léon a présenté le 8 juin une quatrième version de son projet d'accord lors de discussions organisées au Maroc entre les deux Parlements rivaux. Le Parlement parallèle libyen installé à Tripoli a jugé mercredi que cette dernière mouture pourrait constituer une base pour un règlement du conflit dans le pays. Le projet d'accord prévoit notamment la formation, pour un an, d'un gouvernement d'union, avec la désignation d'un Premier ministre. La période transitoire devrait s'achever par la tenue de nouvelles élections. Belmokhtar Alors que la mort du chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar n'a toujours pas pu être confirmée, sa présence dans une ferme dans la banlieue d'Ajdabiya a inquiété les observateurs qui estimaient jusqu'alors que la menace terroriste se confinait dans le sud libyen. Selon le magazine allemand Spiegel, il existerait aujourd'hui environ 1500 organisations islamistes radicales qui compteraient entre 100 et 200 000 membres sévissant en Libye. Le danger vient de l'éventualité d'une alliance entre certains de ces groupes et l'Etat islamique, déjà bien implanté dans le pays. Le chaos politique et la situation géographique de ce pays constitue pour Daesh un endroit idéal pour y établir une base. Ainsi, en avril dernier, le porte-parole du Pentagone, Steve Warren, a estimé que l'Etat islamique cherchait à s'implanter en Libye pour en faire son fief. Maghreb «Désormais, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc se trouvent en première ligne dans la lutte contre l'Etat islamique». C'est ainsi que le commandant des forces américaines en Afrique (Africom) a évoqué mercredi le danger qui pèse désormais sur les pays du Maghreb. Il évalue le danger comme «réel» et la «menace sérieuse». Hier, trois fonctionnaires du consulat tunisien de Tripoli, enlevés le 12 juin avec sept collègues par une milice armée libyenne liée à Fajr Libya, ont été libérés. Le chef de la diplomatie tunisienne, Taïeb Baccouche, a confirmé la libération de trois fonctionnaires à la radio Mosaïque FM, ajoutant que «sept fonctionnaires seulement sont encore détenus» et que «les choses sont rassurantes». «Les négociations pour la libération des dix fonctionnaires de la mission diplomatique à Tripoli ont commencé depuis vendredi, trois ont été libérés mercredi et les négociations sont toujours en cours pour la libération des autres», a précisé un responsable du ministère tunisien des Affaires étrangères. Une milice armée liée à Fajr Libya, le groupe contrôlant Tripoli, a investi le 12 juin le consulat tunisien et enlevé dix de ses fonctionnaires. Selon des médias et responsables tunisiens, la milice réclame la libération d'un de ses chefs, Walid Glib, détenu en Tunisie depuis plusieurs semaines. Ce dernier devrait être expulsé vers la Libye dans les heures ou les jours à venir. La justice tunisienne avait émis dans premier temps un mandat d'arrêt à son encontre pour son «implication dans des affaires terroristes», a expliqué le parquet tunisien. Mais «la chambre criminelle de la Cour d'appel de Tunis a décidé mercredi son expulsion provisoire (de Tunisie) à la demande des autorités libyennes», a indiqué le porte-parole de la juridiction Karim Chebbi. Expulsion «La justice tunisienne pourra demander le retour de Walid Glib pour qu'il soit présenté devant le tribunal», a-t-il encore précisé. Les ressortissants et intérêts tunisiens sont régulièrement visés en Libye, comme d'autres représentations diplomatiques étrangères. En mai, Tunis avait ainsi négocié pendant une dizaine de jours la libération de 254 Tunisiens détenus par une milice de Fajr Libya. A l'époque déjà, ce groupe voulait la libération de Walid Glib. Un diplomate et un employé de l'ambassade tunisienne à Tripoli avaient déjà été détenus en 2014 en Libye avant d'être libérés.