Aujourd'hui, nous abordons la question cruciale du terrorisme abject qui sévit au nom de la tradition religieuse islamique. Il se poursuit encore, en ce moment même, alors que nous sommes censés vivre un temps consacré de bonté et de miséricorde. Sauf que des individus fanatisés affiliés à des groupes islamistes djihadistes ont décidé de déclencher une conflagration généralisée s'étalant sur un arc allant depuis le nord du Nigéria jusqu'à l'île de Jolo passant par la Corne africaine, sans parler de la monstruosité idéologique dénommée Daech. Et, l'élément islamique y est franchement impliqué. Chaque jour que «Dieu fait», des dizaines de vies sont fauchées par une guerre menée au nom d'une certaine idée de l'islam avec toutes les logorrhées dégénérées qui usurpent son vocabulaire et confisquent son champ sémantique, devenus anxiogènes pour nombre de non-musulmans. Les exactions terribles qui sont commises nous scandalisent et offensent nos consciences. Cette guerre réclame de nous tous, qui que nous soyons, hommes et femmes de bonne volonté, mais surtout de nous autres musulmans, de l'éteindre. Il est de notre responsabilité d'agir et de nous opposer à tout ce qui l'attise et l'entretient. Nous ne le faisons pas pour obéir à une quelconque injonction ni parce que nous sommes sommés de nous «désolidariser» de la bête immonde. Nous agissons de la sorte, avec dignité, mus que nous sommes par une très haute idée de l'humanité et de la fraternité. Nous ne cèderons jamais à la psychose. C'est une déclaration de résistance et d'insoumission face à la barbarie. C'est ce que nous avons fait lors de la décennie noire où cette calamité a endeuillé tout le peuple algérien. C'est aussi notre attachement viscéral à la vie, à la paix et à la liberté. Et, tout comme l'enseigne l'Ecclésiaste, au début du troisième chapitre de la genèse – dans l'Ancien Testament – «Il y a un temps pour tout, il y a un temps pour les actions sous le ciel, il y a un temps pour tuer et un temps pour guérir, un temps pour abattre et un temps pour bâtir, un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour la guerre et un temps pour la paix.» Alors, après le temps de l'affliction et de la torpeur, après celui de la sidération et des condamnations, le temps de l'analyse doit succéder à celui du panurgisme émotionnel. Ces derniers mois, plusieurs décryptages du terrorisme djihadiste se sont fait concurrence. Des lectures sociologisante, politique, géostratégique, psychologique, millénariste et théologique ont été présentées doctement. Et, tout en reconnaissant à chacune d'elles sa pertinence propre, nous affirmons qu'aucune n'est susceptible d'épuiser, à elle seule, le sujet. C'est pour cela qu'il faut plus de distanciation et de hauteur pour une vision panoptique et synoptique des choses. Certes, il y a des facteurs endogènes propres aux contextes islamiques et des raisons intrinsèques qui sont venues les alimenter et les aggraver. Les éléments endogènes sont connus et plusieurs fois passés en revue. Il s'agit d'un faisceau convergent de facteurs politique, culturel, théologique, économique, militaire et géographique. Ils ont concouru à la stagnation, à la décadence, au déclin, à la régression et à la «colonisabilité» – en empruntant l'expression de Malek Bennabi. Nous aurons à y revenir à l'occasion de l'une ou l'autre de ces chroniques. Parce que nous devons être conscients des causes de notre décadence. Quant aux raisons extrinsèques qui sont venues alimenter et aggraver les premiers facteurs, je les énumère sous forme de flashs sinon, il faudrait un corpus de plusieurs volumes dépassant le cadre de ces modestes chroniques. Ce sont en quelques mots et noms : Laurence d'Arabie, Mac Mahon, Sykes-Picot, Allenby, Balfour, Sèvres, Lausanne, Berlin, canal de Suez et plus tard Guantanamo et Abou Ghrib sans évoquer les résolutions de l'ONU relatives à la Palestine, à trois chiffres, qui dorment dans les tiroirs de l'Organisation et celles à quatre chiffres appliquées dans un déluge de feu et de fer. Et, malheureusement ce déluge s'est abattu aussi sur le peuple irakien en dehors de toute légalité internationale et suite à un mensonge éhonté. Et, les menteurs, auteurs de cette désolation et du désastre, continuent à couler des jours heureux au ranch de Crawford et à Londres au moment où on a voulu arrêter Omar El Béchir lors de son déplacement en Afrique du Sud. Ce dernier aura sûrement à s'expliquer devant la justice des hommes en attendant de comparaître pour le jugement céleste. Sauf que tant que les agissements de la «communauté internationale» s'accommodent de la realpolitik et de la loi du plus fort considérée comme la meilleure, nous aurons toujours à déplorer la subversion terroriste. Nous verrons demain en quoi nous n'accepterons jamais que la terreur islamiste pervertisse la grande tradition de générosité et de miséricorde, ni avilisse l'enseignement d'amour et de bonté.