Le contexte national algérien est, à la veille du jeûne du mois de Ramadhan, à la désolation et à l'affliction. Encore une fois, la barbarie a sévi et la folie meurtrière s'est abattue sur le peuple, fauchant la vie des innocents. Des familles entières sont endeuillées par des actes ignominieux inqualifiables au moment où elles s'apprêtaient à accueillir le mois du jeûne, mois de bonté et de miséricorde. Bien entendu, le sentiment d'horreur induit par la lâcheté des récents attentats odieux appelle, comme toujours, une condamnation unanime et une désapprobation totale qui ne souffrent aucune réserve. L'indignation est d'autant plus grande que la tradition islamique se voit pervertie et le message coranique avili. Un message d'amour et de concorde entre les êtres est trahi par des sermonnaires doctrinaires et il est corrompu par des illuminés exaltés. En réalité, la question islamique, au-delà du cadre algérien, est devenue, depuis deux décennies ou plus, une question cruciale. Elle est au centre d'enjeux nationaux et internationaux essentiels. De sa « résolution » pourront se dessiner, en grande partie, les lignes d'ouverture pour les situations de blocage que connaît notre planète. Tant il est vrai que de nombreux foyers de tension de par le monde impliquent l'élément islamique et le compromettent. Certes, des facteurs endogènes à l'évolution de la oumma, combinés à des considérations extrinsèques, expliquent l'état de crise réelle à laquelle nous sommes confrontés. L'intrication de tous ces facteurs et considérations est si forte qu'il faut de la distanciation, du recul et de la froideur d'esprit pour pouvoir démêler l'écheveau et tenir le fil d'Ariane pour ne pas s'égarer dans ce dédale si compliqué et se retrouver dans cette problématique a priori incompréhensible. Aussi, essayerons-nous de passer en revue, au fil de ces jours ramadaniens propices à la méditation, certaines facettes de cette grave crise de sens et d'existence que nous traversons. Elle connaît par moments des convulsions paroxystiques et des spasmes violents, mais ce n'est pas pour autant que nous allons abdiquer. Aussi bien au niveau de la réflexion qu'à celui de l'action, la prise de conscience est effectuée et la résistance s'organise. La riposte doit être tous azimuts. La réaction est, et sera, notamment sur les plans théologique et anthropologique. Un véritable travail de déconstruction de la doctrine islamiste est déjà amorcé. Nous devons, avant tout, nous attaquer à l'architectonique de l'idéologisation de la tradition religieuse. Les soubassements de la pensée radicale ne reposent que sur une assise inconsistante, captieuse et insidieuse. Nous devons confondre cette pensée par un libre examen critique afin de contrecarrer l'énorme escroquerie morale qui, par des artefacts fallacieux, rend canoniques les crimes les plus abominables. Par leurs exactions atroces, les extrémistes se mettent au ban de l'humanité. Ils vocifèrent contre le peuple, prétendant le libérer alors qu'ils ne lui proposent in fine qu'un modèle de société archaïque et rétrograde. L'auteur est président de la Conférence mondiale des religions pour la paix