Dix-sept ans se sont écoulés depuis la disparition du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, mais les auteurs de ce lâche assassinat n'ont pas réussi à enrayer la voix de cet artiste intemporel. Ainsi, le Rebelle demeure toujours vivant à travers les chansons qui immortalisent son œuvre. Cet artiste a su séduire, avec des textes subtils et poétiques, un public qui l'adule, notamment grâce à son engagement farouche dans la revendication identitaire. Aujourd'hui, même la nouvelle génération découvre, avec beaucoup d'enthousiasme, l'œuvre du défunt. «Lounès est un monument de la chanson kabyle. Je suis vraiment fier d'écouter ses chansons car elles nous plongent dans une sphère pleine d'originalité. Ses textes sont d'une teneur poétique sublime. Il vit toujours dans nos cœurs à travers son œuvre artistique», tels sont les propos de quelques étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou qui disent avoir connu les chansons du Rebelle dès l'enfance. L'œuvre de Matoub continue de fasciner les jeunes. «Il était un homme très généreux envers les autres», se rappelle un citoyen de son village pour qui, dit-il, le chagrin de la perte de Lounès reste à ce jour une plaie béante. Dans la wilaya de Tizi Ouzou et partout en Kabylie, tous les citoyens se souviennent de ce barde de la chanson qui a été ravi aux siens par les forces du mal, un certain 25 juin 1998, à Tala Bounane, sur la route de Beni Douala, laissant une population orpheline qui a exprimé sa douleur et sa colère par des manifestations. La mort de «ce patriote de toutes les patries opprimées» est commémorée, chaque année. Les fans du Rebelle se sont recueillis, jeudi, sur la tombe de l'artiste disparu au village Taourirt Moussa qui est devenu un lieu de pèlerinage. Des citoyens venus des quatre coins de la Kabylie ont pris d'assaut les lieux de l'exposition initiée par la Fondation qui porte le nom du défunt et où l'on peut visiter des stands consacrés essentiellement à l'œuvre et au parcours de l'auteur de la célèbre chanson Aghouru (trahison). Des activités ont été organisées à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou où, à l'occasion, un gala en hommage au Rebelle a été animé jeudi durant la soirée par Hacène Ahrès et Hamid Matoub. Le mouvement associatif amazigh se mobilise également à l'étranger pour marquer, de manière grandiose, le 17e anniversaire de l'assassinat de Lounès qui sera revisité à Paris, Lyon, Toulouse et Montréal, entre autres. Aussi, à Tala Bounane, il y a eu la pose de la première pierre pour la réalisation, par l'APC de Beni Aissi, d'une stèle sur le lieu de l'assassinat du Rebelle.