Le gouvernement travaille sur un projet visant à mettre un frein au gaspillage et à la contrebande de carburants. Le ministre de l'Energie, Salah Khebri, qui effectuait hier une visite sur le terrain à Alger, a indiqué que le gouvernement réfléchissait aux «meilleurs moyens à mettre en place pour limiter le gaspillage et pour lutter contre la contrebande des carburants». Interpellé sur l'éventuel projet de mise en place d'une carte à puce devant plafonner la consommation de carburants par les automobilistes, le ministre a indiqué, selon les propos repris par l'APS, que le gouvernement réfléchit à la «rationalisation et non au rationnement de la consommation (...). Nous n'allons pas toucher à l'utilisation rationnelle des carburants par les citoyens». Le ministre de l'Energie ne s'est pas attardé sur le projet de la mise en place d'une carte à puce. Il a juste indiqué que les mesures proposées étaient en cours d'étude et qu'elles n'interviendront qu'une fois l'étude du dossier achevée et après «obtention des approbations nécessaires à sa faisabilité». Et d'ajouter que ces mesures ont été rendues nécessaires par «beaucoup de gaspillage interne (…) aggravé par le trafic de carburants au niveau des frontières». Et c'est justement la rationalisation de la consommation de carburants et la lutte contre le gaspillage qui président à l'argumentaire et à l'exposé des motifs de la mesure portant instauration de la carte à puce pour carburants introduite par l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2015. M. Khebri explique que cette mesure sera mise en œuvre par un arrêté ministériel Finances/Energie au 1er janvier 2016. Il précise que la politique de subvention généralisée aux prix des carburants «ne s'accommode plus avec la conjoncture actuelle» marquée par une baisse drastique des revenus issus de l'exportation des hydrocarbures, celle-ci imposant d'ailleurs un instrument régulateur de la consommation de carburants. C'est dans ce sens que la proposition du gouvernement est d'attribuer «une dotation prédéterminée pour les propriétaires de véhicules, toutes catégories confondues, plafonnant la consommation de carburants soutenu, à travers l'institution d'une carte carburant». Et d'ajouter que cette mesure est justifiée par le fait qu'elle permettrait de consolider les efforts du gouvernement «pour freiner la facture des importations des carburants, ainsi que le gaspillage qui en découle et pour limiter la sortie de devises». Il convient toutefois de préciser que la réflexion autour de la révision du système de subvention aux carburants découle d'une démarche entamée au mois de mars dernier avec la publication d'un décret relatif aux subventions aux produits pétroliers importés sur sujétion de l'Etat et qui a permis au gouvernement de revoir sa copie. Il est vrai que les subventions aux carburants étaient jusque-là implicites car supportées par Sonatrach, seule habilitée à importer le fuel et le gasoil. Le texte permet désormais de recadrer ces subventions, de les budgétiser et de les plafonner de manière annuelle. Notons que l'Algérie est le troisième pays au monde où le carburant est le moins cher. Ce qui encourage le gaspillage et la contrebande de carburant importé. Ainsi en 2013, l'Algérie a importé pour 3,5 milliards de dollars de carburants, tandis que la contrebande lui coûte pour près d'un milliard d'euros. Aussi, le carburant à bas prix a alimenté une hausse exponentielle de la consommation. Selon les chiffres du ministère de l'Energie, celle-ci a augmenté, chaque année, de 6% en moyenne.