Paris De notre envoyé spécial Ils ont convergé par dizaines de milliers à Paris, où ils ont tenu à Villepinte leur rassemblement annuel. Les militants de l'Organisation des Moudjahidine du peuple iranien viennent des quatre coins de la planète : du Canada, d'Australie, d'Europe et d'Asie. Hommes, femmes, jeunes résistants en exil, tous ont répondu à l'appel du cœur. Le Conseil de la résistance iranienne à l'étranger ne mobilise pas une uniquement les Iraniens, mais également des milliers de sympathisants dans le monde. L'élite politique du monde musulman et arabe, la jeunesse européenne, les personnalités politiques du vieux continent. Le meeting du 13 juin dernier a rassemblé 100 000 personnes en communion avec le conseil national de la résistance iranien «contre l'intégrisme islamiste et le terrorisme», et pour «le changement démocratique en Iran par le peuple iranien et sa résistance organisée». Il n'y a donc pas eu que des Iraniens qui luttent pour le renversement du régime des mollahs, mais aussi leurs soutiens à travers le monde. Des militants de mouvements associatifs, d'anciens responsables politiques ont afflué de 69 pays des cinq continents. Villepinte était, l'espace d'une journée, aux couleurs de la résistance iranienne. De l'engagement, il y en eut. Les rassemblements des toutes dernières années, celui du 13 juin notamment, sont vécus comme des moments de libération. Des moments extraordinaires de solidarité et de sympathie avec les moudjahidine iraniens en lutte contre un régime sans pitié, qui survit par la cruauté et la terreur. Selon les résistants rencontrés à Paris, le régime des mollahs a rivalisé en cruauté avec les dictatures les plus sanguinaires de l'histoire. 120 000 opposants on été exécutés durant ces trente dernières années. Il en a tué 1800 les deux dernières années. Les statistiques sont effrayantes, l'opposition iranienne le dit, le dénonce avec colère. Le combat de l'OMPI contre la dictature religieuse «suscite une très large adhésion au mouvement». De plus en plus d'ailleurs depuis que l'Organisation des Moudjahidine du peuple iranien a été retirée, après une longue et éreintante procédure judiciaire, de la liste noire des organisations terroristes. Pour complaire au régime des mollahs et à celui qu'il considérait comme son représentant modéré, Mohammad Khatami, arrivé à la présidence en août 1997, Bill Clinton, le président américain fit «un premier geste d'apaisement» et satisfit ainsi immédiatement le vœu du clergé de Téhéran. Il sacrifia tout simplement l'opposition iranienne en l'inscrivant sur la liste des organisations terroristes. «Un haut responsable de l'Administration Clinton déclarait au Los Angeles Times que la décision était un geste de bonne volonté envers le Président modéré nouvellement élu». La Grande-Bretagne et la France feront de même quelques années plus tard. A Paris, sous la présidence de Chirac, celle de Sarkozy aussi, plusieurs coups de filet on été menés contre la résistance iranienne accusée injustement d'avoir des activités terroristes. L'OMPI radiée de la liste des organisations terroristes En 2008, l'OMPI sort victorieuse d'une importante bataille judiciaire quand la cour européenne de justice ordonne pour la troisième fois que les pays de l'Union européenne radient l'OMPI de la liste noire. En 2012, c'est le département d'Etat américain et Hillary Clinton qui réparent «l'incongruité» de son époux de président et radient l'organisation de la liste noire. Le dernier procès gagné par l'opposition iranienne remonte à presque une année, en 2014 en France, où un non-lieu général a été rendu dans l'enquête sur les Moudjahidine du peuple iranien. Un cinglant démenti pour Pierre Bousquet de Florian, directeur de la DST, qui soutenait, dans un point de presse, n'avoir «aucun doute sur la nature terroriste du mouvement» et qui en a eu pour son grade. Pour préserver ses intérêts, la France avait accédé alors à la demande des mollahs de Téhéran qui lui reprochaient d'avoir offert l'asile «aux terroristes». Mais en 2014 justice a finalement été rendue aux résistants iraniens. Les Britanniques en firent de même. Ce fut la grande délivrance. Le moment a été célébré comme une véritable libération d'une situation qui a longtemps pénalisé l'OMPI. Le peuple iranien refuse la bombe atomique et l'ingérence dans les pays voisins Devant une foule qui ne prie que par la chute inéluctable du régime des mollahs de Téhéran, la présidente de Conseil national de résistance iranienne, Maryam Rajavi, a donné de la voix devant ses compatriotes et les délégations de 69 pays présentes au rassemblement de Villepinte du 13 juin dernier. «Ce sont l'OMPI et le CNRI qui ont dénoncé et mis fin au dossier judiciaire de quinze ans qui les touchait en France où ils ont fait reconnaître le droit du peuple iranien à changer de régime», tonne la présidente du Conseil national de la résistance iranienne devant 100 000 partisans sur les enjeux de la région. «Dans un vacarme incessant sur le programme nucléaire funeste et trois guerres dévastatrices au Moyen-Orient, ceux qui parlent dans notre pays au nom de l'Iran sont en fait les ennemis de l'Iran et de tous les Iraniens», souligne Mme Rajavi qui tranche d'emblée en déclinant l'Iran auquel aspirent les Iraniens : «Le peuple iranien ne veut ni la bombe atomique, ni l'ingérence en Irak, en Syrie et au Yémen, ni la tyrannie, ni la torture, ni des entraves». Pour Maryam Rajavi, le président Rohani n'est pas aussi modéré qu'on le présente. Depuis son arrivée au pouvoir, l'on compte déjà 1800 exécutions. Son prédécesseur, Ahmadinedjad, conservateur de son état, n'a pas fait mieux que lui. Le régime des mollahs, selon les résistants rencontrés à Villepinte «se maintient par la terreur». «Il ne pardonne rien, il tue pour un soupçon». Sympathiser, avoir un lien, soutenir la résistance iranienne est un délit qui conduit directement à l'exécution. Le dernier militant qui a payé de sa vie son soutien à l'OMPI est Gholamreza Khosravi, pendu à l'aube du 1er juin 2014. Une jeune résistante rencontrée au rassemblement des Moudjahidine du peuple iranien porte encore les stigmates de la torture des pasdarans. La main presque paralysée par les sévices de ses tortionnaires, elle a été laissée pour morte. C'est la femme courage qui témoigne de la résistance de tout le peuple iranien. «Regardez l'Iran insurgé d'aujourd'hui, qui malgré les 1800 exécutions sous le mandat du mollah Rohani reste bouillonnant», s'exclame Mme Rajavi. «Le soulèvement de Mahabad, ainsi que les manifestations à Sanandaj et Sardacht, à Saghez et Marivan, reflètent la bravoure et la révolte des Kurdes iraniens contre les crimes et l'injustice», tonne la présidente du CNRI. Selon elle, «des centaines de grèves de la faim et de protestations des prisonniers politiques symbolisent la ténacité d'une nation qui a vaincu les mollahs jusque dans les salles de torture». Les résistants iraniens appellent, en effet, les pays occidentaux «à cesser leur complaisance avec le régime de Téhéran qui, selon eux, est la source de tous les maux au Moyen-Orient». Selon Afchine Alavi rencontré à la résidence de la résistance à Auvers-sur-Oise, le régime des mollahs est le facteur essentiel de l'instabilité au Moyen-Orient. «Il est impliqué dans toutes les guerres». Behzad Naziri, de la commission des affaires étrangères du Conseil national de la résistance iranienne raconte comment le régime des mollahs marchande les richesses de l'Iran. «Les Occidentaux regardent d'abord leurs intérêts», dit-il avant de souligner qu'ils oublient que «la dictature en place est exportatrice du terrorisme». Et certains chefs terroristes qui sèment la désolation sont fabriqués dans les labos des mollahs. El Baghdadi de l'Etat islamique est passé par Téhéran. «C'est le cas, nous apprend-il, des plus importants chefs terroristes». Un membre de la délégation irakienne présent à Villepinte, le président des sages des tribus irakiennes, confirme l'implication directe du régime des mollahs à travers son soutien au régime d'El Maliki à Baghdad. Pour lui, «le jeu de certains pays occidentaux, des américains et du régime de Téhéran a aidé à accentuer les extrémismes religieux et ethniques. La haine, dit-il, est telle que sauf la séparation de la politique et de la religion peut constitue une alternative d'avenir dans toute la région». «L'ostracisme dont ont été victimes les tribus sunnistes qui n'ont pas été suffisamment armées, en plus de leur exclusion ont grandement renforcé les rangs de Daech qui n'a d'ailleurs trouvé aucune difficulté à envahir une partie du territoire de l'Irak. Le régime des mollahs fait de même au Yemen, et en Syrie, où Bachar El Assad se maintient au pouvoir grâce à lui», explique notre interlocuteur. Selon la résistance iranienne, les mollahs mènent trois guerres préventives pour se prémunir. Ils sont la source de l'instabilité de tout le Moyen-Orient. Au Liban, on n'en pense pas moins du soutien accordé au Hezbollah. Pour une palestinienne, ancienne ministre de la Condition féminine, «le Hamas est une création iranienne». «Aujourd'hui, le régime des mollahs se débat dans le piège de trois guerres au Moyen-Orient dans lesquelles il ne peut ni avancer, ni reculer», souligne Maryam Rajavi. «Avancer dans ces trois guerres est au-delà des forces du régime iranien. Reculer dans ces trois guerres le conduira à sa chute», soutient-elle, avant de conclure que par conséquent «cette impasse est une démonstration de la fin irréversible du régime du Guide suprême en Iran».