La Grèce entrait hier en situation de risque de défaut de paiement, alors que sa créance d'un milliard et demi d'euros, due au Fonds monétaire international (FMI), arrivait officiellement à échéance. Asphyxiée, depuis 2010, par une crise de la dette sans précédent, la Grèce, malgré de répétitives cures d'austérité drastiques, administrées par ses principaux créanciers, n'aura fait en définitive que plonger davantage, courant et faisant courir aujourd'hui à ses partenaires le risque de se faire éjecter tout simplement de la zone euro. A fin mars dernier, ce pays «périphérique» de l'Union européenne (UE) cumulait un endettement colossal de 312 milliards d'euros, soit l'équivalent de 175% de son produit intérieur brut (PIB). Outre le FMI, qui en détient un montant total de 24 milliards d'euros, étalé sur la période de 2015 à 2024, la Grèce doit notamment 27 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE), mais aussi et surtout une créance totale de 131 milliards d'euros détenue par le fameux Fonds de secours européen, mis en place il y a cinq ans pour faire face à la crise de la zone euro. Dans l'immédiat, Athènes est surtout mise à mal par son incapacité à honorer le remboursement de l'échéance actuelle de sa dette envers le FMI, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, ayant clairement affiché la couleur en indiquant que son pays n'a tout simplement pas de quoi payer. «Est-ce possible que les créanciers attendent le paiement du FMI alors qu'ils ont imposé l'asphyxie aux banques ?» s'est-il interrogé en ce sens sur la télévision publique grecque, alors que la BCE et l'UE se penchent encore sur quelques solutions de dernière minute pour espérer débloquer la situation. Le hic est que toutes les propositions émises jusque-là semblent passer inexorablement par un consentement des Grecs à se soumettre, au préalable, aux exigences de leurs principaux créanciers. Une offre que le gouvernement a rejetée dans un premier temps avant de décider de la soumettre à référendum dès dimanche prochain, au moment où le pays, au bord de l'asphyxie financière, a dû carrément fermer ses établissements bancaires et limiter les retraits d'argent aux guichets automatiques. Quoi qu'il en soit, la Grèce qui a déjà fait le choix, aux législatives de janvier dernier, de secouer le joug de l'austérité imposée par l'Europe et le FMI, se retrouve aujourd'hui dans une sorte d'impasse inédite, dont nul ne semble mesurer encore les conséquences, a fortiori si elle doit déboucher sur une sortie de la zone euro. Si, pour le pays lui-même, les risques paraissent d'emblée évidents, à savoir un isolement et une mise à genoux de son économie, voire une exclusion du FMI et une rupture des principaux accès aux financements nécessaires à sa survie, pour l'Europe, en revanche, l'inquiétude viendrait d'une éventuelle contagion à d'autres pays en crise, ce qui remettra de nouveau à l'ordre du jour le scénario catastrophe d'un éclatement de la zone euro. D'ores et déjà, les places boursières, à l'affût d'une moindre annonce sur le dossier grec, évoluaient hier dans l'incertitude, au même titre que le marché pétrolier, doublement perturbé par le cas de la Grèce, mais aussi par l'issue du dossier du nucléaire iranien. Pour l'Algérie, si un défaut de paiement de la Grèce n'induit nulle conséquence économique directe, l'impact, en revanche, sur les cours du brut risquent de pénaliser davantage le pays, alors qu'il fait déjà face à une chute drastique de ses revenus pétroliers.