De son vrai nom Bennacer Baghdadi, Ahmed Saber a été très tôt rebelle. De sa plume corrosive, il s'attaquera ouvertement à toutes les formes d'injustice, de favoritisme et pourfendra la nouvelle classe de parvenus. Il sera d'ailleurs catalogué d'agitateur, ses célèbres chansons Bou bouh el khadma walet oujouh et Iji N'harek ya el khayen, iji n'harek sera d'ailleurs censurée. Grande figure de la chanson oranaise, il réussira la modernisation de la chanson bédouine et interprètera les qaçidates des grands maîtres du «Melhoun». En 1960, il compose sa première chanson Zine fi el alali qu'il enregistre. Il se familiarise avec les «qacidate» de nos chouyoukhs et se lie d'amitié avec le poète Abdelkader Khaldi. Ahmed Saber était aussi un visionnaire pour avoir chanté des thèmes qui sont toujours d'actualité «El Ouaktiya», «Bouh bouh el khadma ouellet oujouh». Hélas, il fut emporté très jeune par la maladie, à peine 32 ans, mais il marquera à jamais la mémoire des Oranais qui se rappelleront avec nostalgie de cette figure joviale, mais engagée. Né en 1937, Ahmed Saber, fréquentera l'école «Avicenne» et ce jusqu'en 1950. Elève studieux, il passera en sixième dans le grand lycée Lamoricière (Pasteur) et fera ses premiers pas dans la musique en fréquentant le Conservatoire municipal. Il quittera le lycée pour gagner sa vie en qualité d'écrivain public dans un local de la rue Hadj Salah, à Mdina Jdida, qui devînt incontournable. Près des pauvres et des démunis qu'il côtoiera jusqu'à sa mort un 19 juillet 1971, Ahmed Saber y trouvera une source inestimable d'inspiration dans les problèmes sociaux de ces derniers. A l'indépendance, sa plume deviendra encore plus acide, acerbe, au point où il fera l'objet de maintes intimidations. Mais, rien n'arrêtera ce rebelle dans son combat jusqu'à son dernier souffle. Cette date fatidique jeta l'émoi parmi la population oranaise, Oran était en deuil. «Je me rappelle du visage fermé de mon père qui nous annonça sa mort» confie, aujourd'hui, un vieux Oranais.