Quarante années après sa mort, les chansons de l'artiste Ahmed Saber, leur enregistrement se renouvelle chaque année, en cassettes et en CD. Un type de chant aimé par les deux générations. Ahmed Saber demeure l'idole des opprimés, de la masse laborieuse de ce pays. Car Saber à touché là où ça fait mal. Tous ses tubes adoptés sans aucune contestation par la société. A l'exception de la mauvaise critique de certains responsable administratifs et politique. Comme le premier wali d'Oran qui en 1964 a mis le chanteur au « parfum » pendant quatre jours, avant de recevoir un ordre du président de la République de le libérer et de respecter la liberté d'expression. Même le défunt Houari Boumediene apprécia les tubes bombes de Saber. Ecrivain public, interprète, comédien du théâtre présentateur, parolier, Ahmed Saber, prématurément disparu à l'âge de 34 ans, demeure à nos jour l'adolescent turbulent d'un chant qui avait su déranger certains « Qiadas ». Il avait gagné le cœur de la majeure partie des algériens. Benaceur Baghdadi de son vrai nom, était né le 2 juillet 1937 à Oran. Dès son jeune âge, entre 1953 et 1955, il fréquenta le petit théâtre de la rue Chanzy théâtre, où il est distribué comme jeune premier dans la pièce de Ahmed Bentouati ‘' El Kenz'' et dans celle de Hadjouti Bouâlem ‘' Zouadj El Youm''. Le 10 juin 1955, il jouera également dans la pièce ‘' Bent El Waha Anissa Nanoussa'', avec la grande comédienne Keltoum, une pièce présentée à Oran par la troupe de Mahièdine Bachtarzi. Il sera de nouveau distribué dans la pièce ‘' Chaba Oua Chaïb'' de Abdelkader El Ghali. Vers la fin des années cinquante, Saber se penche sur la Chanson, et c'est la rencontre féconde avec les Chouyoukhs comme le grand Abdelkader El Khaldi qui lui offrira les textes de : ‘'Jar Âliya El Hem'' ‘'Jabouha Jabouha El Djeich Maâ El Jebha'' ‘'Bakhta'' ‘'Nous verons ça'' qui seront des succès. El Khaldi est le maître spirituel de Saber. A u début de l'année 1962, Saber écrit et enregistre ‘'Badla Zamana'' un tube très célèbre, ce qui veut dire le changement de temps et bientôt l'indépendance. Après deux années de l'indépendance, Saber fera la rencontre de Cheikh Omar El Mokrani, un grand poéte rebelle, qui comme Saber observant la débandade d'une partie de la société, il écrit pour Saber ‘'El Ouaktia'' une qacida en quatre patries qui assoira définitivement la réputation du jeune Saber. Qui avec les deux tubes ‘'El Khedma'' et ‘'El Khayenne'' Saber est interpellé par la police générale sur ordre du wali qui le maintiendrai pendant quatre jours dans une « geôle » de la wilaya d'Oran. Mais l'information traînait comme une poudre arriva au Président Ahmed Benbella, qui après avoir entendu les deux chansons, ordonna la libération immédiate de l'artiste, avec une bonne remarque adressée au wali (une sorte de mis en demeure du respect de la liberté d'expression. Saber revient honoré à la scène du spectacle, il honora aussi de sa participation dans les veillées des mariages. Ce parolier au verbe percutant, voire virulent, écrira aussi des chansons tendres et sentimentales pour son ami le regretté Mohamed Benzerga, lui aussi prématurément disparu dans un accident de la circulation, comme ‘' Ouach Bik Ya Nekkara'' ‘'Nebghik Nebghik ‘' qui eurent, elles aussi, leurs célébrités. Saber, enregistra aussi des tubes : ‘' Biyaâ El Batata'', ‘'Eudiane Ethawra'', ‘' Banat Jili'', ‘'Ch'hal Ketrou Lehouas'', ‘'Ya Talag Martek'', ‘'Ghram Ouahran'', ‘'Ezzine fil älali'', Sahbi Ouaselni'', ‘'Tefkira'', ‘'Achta Dani'', ‘'Dale Dale'', ‘' Youm El Djemaâ'', ‘'Ouili Ya Ouili'', ‘'Deber Rassek Oueld Bladi'', ‘'Zalt Ouel Ghram'', ‘'Arwah Nekteb Lek Tourikha'' Ahmed Saber, comme nous l'avons connu pour sa simplicité, sa modestie, sa sincérité et son sens de la générosité. Ahmed Saber qui aura particulièrement souffert d'une censure tatillonne et imbécile de la part des miniscules responsables de la Radio et télévision à une époque. et de la voracité de certains de ses éditeurs, a produit plus d'une centaine de poèmes. Dans ses textes, il cultivait aussi l'humour, la satire, le trait féroce. Il fut l'un des pionniers de ce qu'on peut appeler ‘'La chanson engagée'' dans notre pays. Avec son physique d'éternel lycéens, il s'était produit dans de très nombreux galas dans les salles et places publiques, suscitant un grand engouement chez les jeunes et les défavorisés. Saber, a toujours refusé de ‘s'installer en France malgré des invitations qui lui garantissent un avenir d'artiste très brillant. Cet artiste sensible et fragile mourut subitement le 19 juillet 1971, à 13 heures, au domicile familial au 47 de l'avenue du Parc, à Maraval (Oran). Il est né un mois de juillet et il est parti aussi un mois de juillet. Ce grand artiste populaire, foudroyé par la mort à l'age de 34 ans et dont on célébrera en juillet prochain le quarantième anniversaire de la disparition, laisse cinq enfants et une œuvre qui mérite amplement d'être rééditée, notamment pour sa vitalité, sa force et son courage. Saber a bien laissé un vide, personne n'a pu le remplacer ou assurer la continuété.