Alors que l'on évoque un accord imminent entre le mouvement Hamas et Israël à propos d'une trêve de longue durée, qui doit permettre une amélioration de la situation dans la bande de Ghaza soumise au blocus israélien, on assiste à une grave détérioration des relations interpalestiniennes. En effet, plus d'une année après sa mise en place, le gouvernement palestinien de consensus national, né des accords de réconciliation entre les mouvements Fatah et Hamas, a lamentablement échoué, au point que le président Mahmoud Abbas s'apprête à remodeler sa composition, mais de façon unilatérale. Un acte qui devrait signer l'arrêt du dialogue entre les deux principales forces palestiniennes. Alors que le mouvement Hamas continue de contrôler en solo la bande de Ghaza, sur laquelle il a étendu son hégémonie durant l'été 2007, suite à un coup de force armé, au cours duquel des centaines de Palestiniens ont été tués, l'Autorité palestinienne, quant à elle, présidée par Mahmoud Abbas, élu au suffrage universel en 2005, et président du mouvement Fatah, à la mainmise sur le contrôle des villes de la Cisjordanie occupée mais sans aucune présence effective sur le terrain dans l'enclave palestinienne. D'ailleurs une des raisons invoquées pour expliquer l'échec du gouvernement de consensus national, serait l'absence de la mainmise du Fatah sur Ghaza, dirigée en réalité, selon des responsables de l'Autorité palestinienne et du Fatah par un gouvernement d'ombre Hamsaoui qui décide absolument de tout. La mission principale du gouvernement était l'organisation des élections législatives et présidentielle qui devaient avoir lieu en 2010 pour les premières et en 2009 pour la seconde, mais que la division n'a cesse de reporter. Le mouvement Fatah et le président Abbas accusent le mouvement Hamas de vouloir créer son propre émirat à Ghaza et que les tractations secrètes avec Israël concernant la mise en place d'une longue trêve vont dans ce sens. Les responsables de l'Autorité palestinienne, en majorité fathaouie, accusent aussi le mouvement Hamas de chercher à déstabiliser la Cisjordanie occupée en ordonnant à ses cellules de commettre des attentats contre les services de sécurité. Vague d'arrestations dans les rangs du Hamas en Cisjordanie occupée Une vague d'arrestations a touché les membres actifs du mouvement Hamas en Cisjordanie, signe que la tension entre les deux rivaux palestiniens est persistante. Plus de 100 de ces éléments ont été arrêtés au cours des trois derniers jours, parmi lesquels des anciens prisonniers. Le général Adnan Edmeiri, porte-parole des services de sécurité de l'Autorité palestinienne a déclaré, samedi, que «les arrestations de membres du Hamas en Cisjordanie occupée ont un caractère sécuritaire et qu'elles se poursuivront tant qu'il y aura un danger menaçant la sécurité du pays». «Des dizaines ont été arrêtés ces derniers jours, un certain nombre a été libéré et les autres subissent une enquête et seront traduits en justice», a-t-il ajouté. Edmeiri a accusé le mouvement Hamas de vouloir déstabiliser la Cisjordanie en activant ses cellules tout en empêchant les résistants et les tireurs de roquettes contre Israël d'œuvrer à Ghaza, pour réussir à maintenir la trêve. «Les détenus seront inculpés d'atteinte à la securité publique et toute personne portant une arme illégale sera traduite en justice quelle que soit son appartenance politique», a menacé le porte-parole des services de sécurité de l'Autorité palestinienne qui a nié que les arrestations avaient un caractère politique. De son côté le mouvement Hamas a vivement dénoncé ces arrestations. Sami Abou Zohri, porte-parole du mouvement maître de la bande de Ghaza, les a qualifiées de «dangereuse escalade qui entrave les efforts de la réconciliation». Il a, par ailleurs, critiqué la coopération sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël. Selon les Accords d'Oslo en 1993, qui ont permis la mise en place de l'Autorité palestinienne présidée à l'époque par Yasser Arafat, il est prévu une coopération sécuritaire entre les services sécuritaires palestiniens et israéliens. Cette coopération sécuritaire est qualifiée de traîtrise par le mouvement Hamas. Le fossé ne cesse de s'élargir entre les deux principales forces palestiniennes et rien ne laisse entrevoir une possible amélioration des relations entre les deux mouvements palestiniens. La victime de cet état de fait, est bien sûr la cause nationale palestinienne, qui n'est plus une des priorités de la politique mondiale. Quant au peuple palestinien, il assiste impuissant aux gros dégâts suscités par cette division sans pouvoir agir, tant le bras de fer de ceux qui le gouvernent est fracassant.