Quelques heures après la libération, sur ordre du président Mahmoud Abbas, de tous les militants du mouvement islamiste Hamas incarcérés par les services de sécurité de l'autorité palestinienne en cisjordanie, Hamas a répondu par une campagne massive d'arrestations de dirigeants et de militants du Fatah dans la bande de Ghaza. Ghaza : De notre correspondant Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne avaient arrêté près de 150 militants hamsaouis la semaine écoulée. Ces arrestations ont été opérées dans un climat de haute tension entre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Ghaza après son coup d'état militaire, au mois de juin 2007, et le mouvement Fatah qu'il accuse d'être responsable de l'explosion d'une bombe, vendredi dernier, sur le littoral ghazaoui, ayant causé la mort de 5 membres des brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, et d'une fillette de 6 ans. Quelques minutes après l'explosion de la bombe, sans preuve aucune, le mouvement Hamas a accusé le mouvement Fatah d'en être l'instigateur. Les mesures prises par les milices hamsaouies contre les militants du Fatah, dont plus de 300 ont été arrêtés durant la semaine, ont été disproportionnées. Tortures, intimidations, passage à tabac et humiliations ont été utilisés par les geôliers hamsaouis. plus de 150 bureaux et sièges du Fatah et d'organisations non gouvernementales actives dans le domaine de l'aide humanitaire ont été fermées après confiscation de leur contenu. Hier à l'aube, avec l'arrestation humiliante à leurs domiciles et dans un climat de terreur, des responsables tels que le Dr Zakaria El Agha, membre du comité exécutif de l'OLP, et Ibrahim Abou Naja, haut responsable du Fatah, tous deux nommés par le président Abbas comme représentants du Fatah à Ghaza, ainsi que de trois gouverneurs et de plusieurs autres dirigeants du Fatah actifs au niveau de la base, le mouvement Hamas a donné l'impression de mettre un terme à toute tentative de réconciliation nationale. Pourtant, le mouvement Fatah, par la voix de plusieurs de ses dirigeants dont le président Abbas, a affirmé n'être lié ni de près ni de loin au tragique incident sanglant du littoral de Ghaza. Le Fatah a imputé l'explosion à des luttes internes dans les brigades Ezzeddine El Qassam. les services sécuritaires de l'Autorité palestinienne avaient, de leur côté, justifié les arrestations des militants du Hamas comme des mesures préventives, surtout après les menaces du Hamas de provoquer une troisième intifadha en Cisjordanie, contre l'Autorité palestinienne. « Pour l'instant, les sionistes vous protègent », a écrit le Hamas dans un communiqué adressé aux forces de sécurité de l'Autorité palestinienne. « Vous le savez, dès que la protection des sionistes prendra fin, le peuple entrera dans votre quartier général pour vous en chasser à coups de pied. » Cette évolution tragique intervient au moment où le président palestinien Mahmoud Abbas, n'arrête pas de lancer des initiatives de bonne volonté en vue d'une reprise des négociations entre les différentes factions palestiniennes, pour reconstituer une unité détruite depuis plus d'une année, par le coup de force armé du Hamas. le mouvement islamiste qui semble se satisfaire de l'accalmie conclue avec Israël depuis plus d'un mois, ne semble pas du tout pressé d'entamer des discussions inter-palestiniennes que l'Egypte s'apprête à parrainer sur demande du président Abbas. Pourtant, la situation interne dans les territoires palestiniens n'a jamais été autant menaçante pour l'avenir de la cause nationale palestinienne, surtout avec la démission prochaine du Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et donc, la suspension, durant 6 mois au moins, du processus de négociations avec Israël, en vue d'un accord prévu pour la fin de l'année 2008. Pire encore, les Palestiniens, qu'ils soient du Hamas ou du Fatah, ont été gravement critiqués par l'organisation de défense des droits de l'homme, Human rights watch. L'organisation de défense des droits de l'homme fait état d'un grand nombre d'arrestations arbitraires, de simulacres d'exécutions et de sérieux passages à tabac dans les centres de détention des deux mouvements. HRW fait état d'au moins trois cas de détenus morts sous la torture à Ghaza et un autre en Cisjordanie, où cette pratique est très répandue, selon l'ONG dont le siège est à New York. De telles accusations contre les services sécuritaires palestiniens et ceux du mouvement Hamas, ne font que ternir l'image d'un peuple qui a besoin du soutien de tous et surtout de la communauté internationale qui, dans son ensemble et dans un passé récent, l'avait félicité pour son modèle de démocratie à l'occasion des dernières législatives.