Quarante ans après les Jeux d'Alger, Oran rêve d'accueillir les joutes méditerranéennes. Qu'est-ce qui fera pencher le Comité International en faveur du projet oranais? Candidate à l'organisation de ces épreuves, «la deuxième ville algérienne est un favori. Oran est plus sûre sur le plan sécuritaire et l'Algérie dispose plus de moyens financiers nécessaires à l'organisation d'un tel grand évènement que la Tunisie», estime Mohcine Kadri, enseignant universitaire, spécialiste en économie dans le domaine du sport. Oran est actuellement en campagne. «Après l'échec de la candidature pour accueillir la coupe d'Afrique de football, il faut, cette fois-ci, impressionner le CIJM à force de lobbying. Il faut savoir convaincre suffisamment d'électeurs au sein du CIJM», poursuit M. Kadri. Dans une récente déclaration, le Premier ministre Abdelmalek Sellal s'est dit «engagé à fond derrière cette candidature». «Mustapha Berraf, président du comité olympique algérien mène un travail colossal pour convaincre les électeurs du CIJM», atteste un membre de l'exécutif de la mairie d'Oran qui a eu à se déplacer deux fois à l'étranger pour promouvoir cette candidature de la ville aux deux lions. Une tournée de promotion de la candidature est menée actuellement dans les pays des comités nationaux des jeux méditerranéens. Même le ministre des Affaires Etrangères Ramtane Lamamra est mis à contribution : il mobilise le réseau de diplomates établis à l'étranger derrière la cause de la candidature oranaise. Un comité de candidature a été créé. Il est présidé par le Premier ministre. Les champions olympiques Nordine Morceli et Nouria Merah Benida, Mustapha Berraf, le wali, le président de l'APW et le maire d'Oran font partie de ce comité. Pour appuyer cette candidature, Oran devra ainsi travailler pour s'assurer les soutiens à l'international. Les grands traits organisationnels, les enjeux, le contexte de cette candidature sont définis dans une étude de faisabilité et d'opportunité. Le comité lancera une large campagne en vue de solliciter le concours de plus de 2500 volontaires. Ces derniers seront intégrés dans le dispositif organisationnel et bénéficieront de stages de formation. Le comité de candidature doit jouer la concertation. À mi-chemin entre la communication et la stratégie, cette campagne vise à crédibiliser la candidature oranaise à l'échelle internationale. «Il faut faire du lobbying. À ce stade, le but est d'aider à l'élaboration d'une stratégie de campagne et la communication à l'international. La clé pour une candidature est d'avoir un projet solide», observe le wali d'Oran, Abdelghani Zaalane. Oran s'est doté d'un site internet pour promouvoir sa candidature http://www.candidature-oran-jm2021.org/2021/ et d'une page facebook : candidature jeux méditerranéens Oran 2021. Dans la course à l'organisation des Jeux méditerranéens de 2021, Oran devra faire face à la concurrence de la ville tunisienne de Sfax. Le projet oranais semble en avance sur son rival tunisien. Premier critère: la sécurité. Le dernier attentat terroriste qui a ébranlé la ville touristique de Sousse et l'instauration de l'état d'urgence qui s'en est suivie influeront certainement sur la balance. Sfax, une concurrente pas féroce Autre critère: la presse tunisienne a récemment rapporté que «le ministre tunisien de la Jeunesse et des Sports Meher Ben Dhia a affirmé, lors de son audition par les députés, que la ville de Sfax souffre d'une infrastructure détériorée». A l'inverse, Oran dispose de meilleurs arguments que sa rivale Sfax. Dans le dossier de candidature (validé en avril dernier), la ville d'Oran s'est engagée à fournir l'infrastructure sportive, les équipements et la logistique nécessaires, conformément au cahier des charges du Comité International des Jeux Méditerranéens. «Côté installations et infrastructures, nous disposons de tous les atouts pour bien organiser ces jeux. Oran s'est aussi taillé une notoriété internationale dans le tourisme d'affaires avec plusieurs dizaines d'infrastructures réalisées», affirme le wali. «La ville compte beaucoup sur son complexe olympique dont une partie ouvrira en 2016 avant la réception de la totalité de l'infrastructure prévue fin 2017», note le premier responsable de la wilaya. Ce futur complexe sportif sera doté d'un stade de 40.000 places, d'une salle omnisport de 6.000 places, d'une piscine olympique, d'un vélodrome et d'un terrain d'athlétisme. L'enceinte compte aussi des structures dédiées à la médecine sportive, des terrains de handball, basketball, volleyball, un gymnase, une salle de musculation, un centre nautique avec trois bassins et une fosse de plongeons, un centre de formation et d'hébergement des sportifs. Le complexe sera desservi par l'extension du tramway et le futur métro d'Oran. Une cité universitaire de 20 000 lits, en chantier, sera transformée en un vaste village olympique suréquipé qui ouvrira ses portes fin 2016. Le village sera doté d'un hôpital et de structures d'entrainement dont des piscines et des pistes pour la préparation physique des athlètes. La ville dispose aussi de son ancien stade omnisport Ahmed Zabana de 40 000 places, un Palais des sports, quatre complexes sportifs et trois piscines olympiques et compte également 13 terrains de tennis en terre battue. Oran compte sur l'engagement de l'Etat algérien à satisfaire aux conditions édictées dans le cahier des charges. L'Etat s'engage à garantir le financement de toute l'organisation des jeux. Le Premier ministre assure qu'il mobilisera tous les financements nécessaires pour la bonne organisation de ces jeux. En attendant le 27 août, les algériennes et les algériens retiennent leur souffle.