L'histoire, qui a pris les allures d'une légende, est perpétuée de génération en génération dans la paisible ville côtière de Ténès. Lalla Aziza, cette femme courageuse, qui s'est sacrifiée pour sa ville, est devenue une icône pour toute une population. Le sujet de la pièce, présentée, lundi soir, sur les planches du théâtre de Constantine, par la troupe de la coopérative culturelle et artistique «Asdika El Fen» (Les amis de l'art) de Chlef, remonte à 1492. C'est l'année de la chute de Grenade, dernière ville de l'Andalousie, entre les mains de l'armée du roi Ferdinand d'Aragon et la reine Isabelle de Castille. Dans la ville de Ténès, l'on commence à appréhender les attaques des navires espagnols contre les côtes algériennes. Le sultan de Ténès, Merouane El Bahri, réunit les dignitaires de la ville et les chefs de l'armée, pour préparer la riposte et rapatrier les familles des réfugiés, dont des juifs, ayant fui l'Andalousie, car persécutés par les Espagnols. Malgré son jeune âge, son corps frêle, et sa maladie dont elle souffre depuis son enfance, Aziza, fille de Merouane El Bahri, s'engage aux côtés de son père pour défendre sa ville et ses habitants. Elle réussira grâce à la complicité de son ami Mahmoud le sourd, vendeur d'eau, à déjouer un complot fomenté par Suleyman, un commerçant juif, qui s'est vu commander de la poudre de la part de sultan, mais qui tente de lui livrer un mauvais produit pour faire capoter la résistance aux conquérants espagnols. Lors d'une bataille livrée aux traîtres serviteurs du commerçant juif, Aziza s'effondre, rattrapée par sa maladie, et la mort finira par l'emporter. Une mort qui affligera toute la population de Ténès. L'histoire de Lalla Aziza, racontée aux jeunes par les anciens de Ténès, est devenue un pan de la mémoire collective de la ville. La mémoire de la princesse Lalla Aziza est perpétuée à travers son mausolée abrité par la mosquée El Atiq de la vieille ville de Ténès. Basée sur un texte de Abdelkrim El Houari, et mise en scène par Missoum Laroussi, président de la coopérative Asdika El Fen, la pièce Lalla Aziza a été vivement saluée par le public présent. L'œuvre a révélé surtout le grand travail accompli par cette troupe pour la formation de jeunes talents. Parmi les dix-neuf comédiens qui sont montés sur scène, dont Latifa Kaben, qui a campé le rôle de Lalla Aziza, de nombreux jeunes jouent leurs premiers rôles. «Tous ces jeunes comédiens sont le fruit des ateliers que nous animons au sein de la troupe, cela promet un bel avenir pour le 4ème art», a déclaré Missoum Laroussi lors de la présentation de la générale de la pièce.