Trois fournisseurs internet Wimax montent encore une fois au créneau pour demander à l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARTP) de jouer pleinement son rôle de régulateur en garantissant l'équité en matière de tarification et d'accès aux infrastructures, et en faisant respecter les principes de «transparence, concurrence loyale et ouverture» garantis par les textes. Les trois opérateurs que sont Anwarnet, Icosnet et SLC se définissent comme de véritables «survivants» après l'hécatombe qui a emporté une centaine de fournisseurs d'accès à internet (ISP), il y a quelques années, et dénoncent «le retour du monopole de l'opérateur historique» qui contribue à maintenir, selon leurs déclarations, leurs entreprises sous pression, du fait de tarifs exorbitants. Lors d'une conférence de presse, organisée mardi soir à Alger, les managers des trois entreprises ont demandé instamment à l'ARPT de se départir de ce qu'ils considèrent être «un parti pris» pour Algérie Télécom et une attitude discriminatoire pour les entreprises privées. Ainsi Mohamed Fadi Gouasmia, Ali Azzouz et Lotfi Nezzar, respectivement patrons d'Anwarnet, d'Icosnet et de SLC, se sont longuement relayés pour exposer, à la presse, leurs difficultés et les dangers qui guettent leurs entreprises dans un proche avenir, si rien n'est réalisé pour faire respecter les lois et aller vers l'équité requise entre les opérateurs, qu'ils soient privés ou publics. Les trois opérateurs, qui viennent de se constituer en association pour mieux défendre leurs droits, estiment que «le blocage dont ils sont la cible a assez duré et que les pouvoirs publics doivent intervenir à travers le régulateur pour consacrer, une fois pour toutes, le droit de tous les opérateurs à participer à l'essor d'internet librement, selon la loi du marché et en garantissant l'accès aux infrastructures à des tarifs conformes aux règles commerciales en vigueur partout dans le monde». Les trois opérateurs coincés comme ils le disent dans «la niche services aux entreprises» ambitionnent de se lancer dans le segment de l'internet grand public, pour peu qu'on leur laisse la chance d'y accéder, ce qui permettra, selon eux, de faire jouer pleinement la concurrence loyale telle que prévue par la politique sectorielle du secteur et les lois qui en découlent depuis l'ouverture du champ au privé en 1999. Une concurrence qui sortira enfin, assurent-ils, le secteur de l'internet de l'ornière et favorisera son essor et le développement de contenus propres à l'Algérie. Les trois fournisseurs disent n'avoir pour le moment comme recours que la saisine du Conseil de l'Etat. Une brèche dans laquelle ils s'engouffrent, tentant de faire intervenir la justice pour obtenir gain de cause. Ils déplorent cependant la lenteur des procédures qui peuvent durer plusieurs années, alors que pendant ce temps leurs entreprises sont étranglées par une tarification contraire à toute logique économique et excessivement chère, mettant en péril leur existence. Les opérateurs rappellent qu'«ils ont pris le risque d'investir parce que la loi 2000-03 leur donnait des garanties d'une concurrence loyale et saine à travers une autorité de régulation indépendante et autonome. Malheureusement, la réalité est toute autre», estiment-ils. Ils jugent que «les pratiques du régulateur ainsi que son laxisme ou complicité avec les pratiques de l'opérateur historique ont eu pour effet, notamment, l'absence d'offres compétitives d'accès à internet, la pratique de tarifs d'accès au Mbps à internet parmi les plus élevés au monde». Ils relèvent en outre que ces pratiques d'un autre temps ont largement contribué à ce que la compétitivité globale de l'Algérie connaisse un recul progressif depuis 2006 ; et que son classement soit un des plus médiocres au monde.