La stratégie de l'Etat pour réduire la facture des importations de médicaments de 40% se base essentiellement, ou du moins en grande partie, sur l'import-substitution qui consiste en la production de médicaments onéreux spécifiques à certaines pathologies, dont le diabète, l'hypertension ou les maladies cardiovasculaires. L'industrie pharmaceutique nationale a connu, ces dernières années, un engouement «exceptionnel» en matière d'investissements, avec pas moins de 151 unités de production en phase de construction, en plus des 80 déjà opérationnelles. Or, le développement de la production nationale a largement favorisé l'extension du marché du générique uniquement. Les opérateurs pharmaceutiques sont ainsi priés de fabriquer de nouvelles molécules pour les pathologies lourdes susmentionnées. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb s'est fait le porte-parole du gouvernement en la matière. Pour preuve, la loi de finances complémentaire de 2015 prévoit, selon le ministre, des facilitations au profit des investisseurs intéressés par la production des médicaments inscrits actuellement sur la liste des produits importés. Cette nouvelle stratégie, Abdessalem Bouchouareb, en véritable «VRP», est venu la prêcher auprès des laboratoires implantés dans la capitale de l'Est, en juin dernier. La traduction de cette vision sur le terrain, si elle n'est pas réellement palpable, elle promet au moins un bond sensible en matière de production d'un de ces médicaments ciblés, en l'occurrence l'insuline. Deux laboratoires leaders C'est une véritable offensive à laquelle se livre le pôle pharmaceutique à Constantine pour satisfaire le marché national en matière d'insuline. Avec trois millions de diabétiques recensés en Algérie, l'importation de ce produit se chiffre à des milliards, grevant largement la facture des importations estimées à 468,6 millions de dollars durant les quatre premiers mois de 2015, selon les statistiques des Douanes algériennes. La nouvelle dynamique «import-substitution» vise à inverser la tendance pour faire reculer les importations de médicaments à usage humain de 40%. «Ce sont des médicaments ciblés, dont ceux relatifs à l'oncologie, cardiovasculaires entre autres», a précisé le ministre de l'Industrie et des Mines. C'est ainsi que l'entreprise Saidal, pionnière dans le domaine, a fait des investissements colossaux dans les projets de la production de cette molécule. Il s'agit des trois formes de l'insuline : en flacon, sirop et cartouche. Le projet de l'insuline en flacon, qui sera destiné exclusivement aux hôpitaux, «est prêt à 100%», nous dit la directrice du projet à Saidal. Ce projet en coopération avec le laboratoire danois Novo Nordisk sera mis à niveau au cours du mois d'octobre prochain et la date du lancement de validation se fera deux mois plus tard, en décembre 2015. Le coût de l'investissement est de 25 milliards de dinars. Selon les responsables de l'entreprise, la production démarrera en 2016 et les projections de production tablent sur 45 millions d'unités en flacon, cartouche et sirop. L'insuline produite à Constantine sera disponible sur le marché national avec un taux de couverture de 100% vers 2017. A partir de cette date, la voie à l'exportation sera largement balisée. A l'heure où une pénurie de médicaments, particulièrement ceux entrant dans le traitement des pathologies cardiovasculaires, est fortement ressentie, les pouvoirs publics affirment vouloir encourager l'investissement dans le domaine pharmacologique, dans lequel Constantine est devenu un pôle incontesté avec pas moins de 17 laboratoires. «Les pouvoirs publics sont disposés à accorder davantage de facilitations et de soutien aux opérateurs qui produiront localement des médicaments actuellement importés.» Tel un leitmotiv, cette déclaration est venue ponctuer le discours tenu par le ministre tout au long de son périple constantinois. Dans cette logique, il est à citer le cas d'une autre entreprise qui commence à prendre ses marques dans le domaine, Physiopharm, du groupe ZED Pharm qui produit la Metformine, de l'insuline pour diabète de type II. Ce laboratoire implanté dans la zone industrielle, Le Palma, occupe la deuxième place en la matière en Algérie. Rien que pour l'année 2014, il a produit 18,5 millions d'unités d'un crédit de 3 milliards de dinars. «La Metformine est fabriquée à 100% en Algérie sous forme injectable ; le marché de l'insuline est énorme, il représente plus de 25 milliards de dinars», a-t-on expliqué au membre du gouvernement.