Noureddine Ould Ali est en train de vivre une expérience extraordinaire à la tête la sélection de Palestine qu'il dirige depuis quelques mois. Pur produit de l'école de formation algérienne, il exerce le métier d'entraîneur au gré des offres qui lui parviennent d'ici et d'ailleurs. Formateur dans l'âme, il choisit ses destinations en fonction des projets des clubs demandeurs. De passage à Alger, il a rendu visite à la rédaction pour parler de son métier, ses expériences et ses projets. Vous êtes l'entraîneur général de la Palestine. C'est votre second passage à la tête de cette sélection. Parlez-nous de votre expérience palestinienne. Lorsque le président de la Fédération palestinienne de football, Jibril Rajoub, a fait appel à moi, je n'ai pas hésité un seul instant. J'avais déjà travaillé avec lui lors de mon premier passage en 2010-2012. J'ai un contrat d'un an avec le titre d'entraîneur général de la sélection de Palestine. Mon rôle est illimité. Je suis aussi formateur à la DTN. Quels sont les objectifs qui vous ont été assignés ? Qualifier l'équipe aux poules de la Coupe du monde 2018 et de la Coupe d'Asie. On a joué et perdu contre l'Arabie Saoudite (2-3) et gagné (6-0) face au Timor oriental. Les deux fois on a joué chez l'adversaire. Ces rendez-vous ont été précédés d'un stage de 6 jours en Tunisie. Dans quelles conditions travaillez-vous sur place ? Sur ce chapitre je n'ai pas à me plaindre. Les conditions de travail sont très bonnes tant sur les plans pédagogique, matériel et infrastructurel. La fédération dispose d'une académie de qualité avec terrains d'entraînement et hôtel pour héberger les joueurs durant les stages et regroupements. Comment est organisé le championnat en Palestine ? Il y a un championnat avec 24 équipes scindées en deux groupes. Les matchs se jouent à Ghaza et en Cisjordanie. C'est un championnat professionnel avec des matchs de championnat et de coupe. Les équipes disputent 28 journées pour être aux normes de la FIFA pour l'homologation d'un championnat professionnel. Dans chaque ville il y a une académie de football qui regroupe des jeunes de 14 à 16 ans. Vous avez la responsabilité de tout le volet technique du football Palestinien... Chaque week-end, je suis sur les stades pour superviser des joueurs. Je discute beaucoup avec les entraîneurs, on échange sur le football et son évolution ainsi que les moyens pour élever le niveau général du football et des joueurs de la Palestine. Vous faites appel aussi à des joueurs palestiniens qui jouent à l'étranger... Ils apportent un plus à la sélection. Ils jouent au Chili, en Suède, en Slovénie. A chaque fois qu'on me signale un bon joueur, je prends attache avec lui avant de le convoquer. Ils ont un attachement viscéral avec la Palestine malgré l'éloignement. Votre quotidien sur place est comment ? Je vis sur place 40 jours entrecoupés d'une semaine auprès de ma famille en France. Je m'occupe d'organiser des stages pour les différentes sélections, les entraîneurs, je me déplace pour aller discuter avec les coachs, suivre des matchs. Je ne vois pas passer le temps, c'est une énorme charge de travail que j'effectue avec bonheur et plaisir. Les Palestiniens me le rendent bien. Comment vivent-ils le football dans ce contexte si particulier qui est le leur avec l'occupation israélienne ? C'est un peuple magnifique qui résiste à la souffrance et qui a une soif de vivre incommensurable. Ce sont des passionnés de football comme les Algériens. Dernièrement un journaliste vous a mis dans l'embarras en vous prêtant cette déclaration : «Je rêve d'un match Palestine-Israël.» Vous n'avez pas apprécié... C'est le moins que l'on puisse dire. Je n'ai jamais prononcé cette phrase. Elle est le fruit de son imagination. J'imagine qu'il voulait faire plaisir à quelques parties. Je l'ai saisi pour qu'il me fournisse des explications. Il n'en avait pas. C'est décevant de la part de ce journaliste qui a gravement dérogé au devoir de bien informer et de dire la vérité. Je le laisse à sa conscience.