A lors que le calme est revenu depuis une dizaine de jours dans la pentapole, laissant libre cours au travail des forces de l'ordre, pour les équipes de la police scientifique et de la justice, le mot d'ordre semble être la discrétion totale par rapport à la mission de rétablissement de la sécurité dans le M'zab. Des mesures de sécurité draconiennes entourent la feuille de route de la justice à Ghardaïa qui, après le placement de Kameleddine Fekhar et ses compagnons à la nouvelle prison d'El Ménéa, s'attelle à traiter dans la discrétion totale les affaires liées aux derniers événements qui ont endeuillé le M'zab. Ainsi, après une première vague d'arrestation d'une trentaine de personnes, entendues et placées sous mandat de dépôt, une dizaine d'entre elles ont été jugées ce mardi lors d'une journée entièrement dédiée aux événements de Ghardaïa. Tandis que la presse locale a été cordialement tenue à l'écart, le procès à huis clos qu'a abrité le tribunal de Ghardaïa a exclu jusqu'aux familles des prévenus, nombreuses à s'être déplacées pour apporter un soutien moral à leurs enfants. Il n'en sera rien, puisque les accusés, au nombre de dix, seront jugés en présence de leurs seuls avocats. Alors que le procès du dixième homme, celui de Guerrara, a été reporté à la semaine prochaine, pour cause de «dossier incomplet et non-constitution d'avocat», neufs prévenus ont donc été entendus et jugés pour «port d'armes blanches» et «attroupement armé». Il s'agit de six personnes issues de Melika qui ont écopé de la plus lourde peine : trois ans de prison ferme, alors que les trois autres prévenus, deux de Beni Izguen et un de Bounoura, seront condamnés à deux ans de prison ferme. Ils ont été écroués. Ce procès, dont l'issue est jugée dramatique par la défense des prévenus, fait suite à une première audience, la semaine dernière, pendant laquelle la juge a vite fait de relever l'absence du casier judiciaire dans les dossiers, d'où le report au mardi 21 juillet. Selon nos sources, 26 personnes seront également jugées mardi prochain. Arrêtés du wali Pendant ce temps, la force publique veille à l'application stricte et sans exception des arrêtés signés la veille de l'Aïd par le wali de Ghardaïa, stipulant pour le premier «l'interdiction durant une période de 6 mois de toute manifestation publique, réunion, rassemblement, cortège sur la voie publique dans les cinq communes ayant été le théâtre des dernières violences au M'zab, à savoir Ghardaïa, Bounoura, Daïa Bendahoua, Berriane et Guerrara». Cette mesure a valu une fin de non-recevoir aux émissaires du MSP ayant lancé une campagne de solidarité qui a brassé des aides humanitaires des 48 wilayas du pays en faveur de la population de la daïra de Guerrara. Plus de 240 motos saisies Un forcing aurait même été tenté par ces envoyés spéciaux, qui ont été arrêtés aux frontières de la wilaya, d'où le report de l'opération à après l'échéance de la validité de cet arrêté décrétant 6 mois de non-manifestation sur la voie publique dans cinq communes de Ghardaïa, y compris Guerrara, où on recense 269 habitations endommagées, contraignant les habitants à trouver refuge chez des proches ou dans les écoles, en attendant des jours meilleurs. Les motos, moyen de transport de prédilection dans la vallée du M'zab, sont pointées du doigt par les autorités locales, qui les accusent d'avoir joué un rôle prépondérant dans la facilitation de la mobilité des hordes criminelles lors des derniers événements, si bien que le second arrêté du wali a mis en demeure les propriétaires de régulariser leur situation sous huitaine par le dépôt d'un dossier en règle auprès des instances concernées, exigeant de surcroît le port du casque. Mais le délai passé, sans grande fougue, les forces de sécurité ont lancé une campagne de contrôle qui a valu à plus de 240 motards la saisie de leur bien, le paiement d'une amende et une prolongation d'un mois du délai pour la régularisation des dossiers. Passé ce délai, qui court depuis le 17 juillet courant, une vente aux enchères publiques sera organisée, annoncent les autorités locales, qui comptent sur cette opération pour établir un fichier électronique du parc motos de la vallée.