De notre envoy�e sp�ciale � Gharda�a, Sa�da Azzouz Le proc�s tant attendu des dix-sept d�tenus que l'on dit impliqu�s dans les �v�nements qui ont marqu� Gharda�a en octobre dernier, et qui devait se d�rouler hier au tribunal criminel de cette ville a �t� report� � une date ult�rieure. La d�cision prise par le pr�sident de cette juridiction a �t� motiv�e par le fait que les cinq pr�venus qui se sont rendus r�cemment � la justice n'ont pas �t� entendus par le juge d'instruction. Le magistrat a n�anmoins fait la promesse que le proc�s aura lieu lors de cette cession criminelle. Il aura donc lieu au plus tard le 19 mars. Un report qui n'a pas convaincu les avocats de la d�fense qui ont estim� qu'il n'y avait aucune raison qui emp�che le d�roulement du proc�s, apr�s que le juge qui a v�rifi� la pr�sence, l'affiliation et le domicile des dix-sept pr�venus dont les responsables locaux de la Ligue pour la d�fense des droits de l'homme, LADDH, et la f�d�ration du Front des forces socialistes, FFS, eut sugg�r� le renvoi de l'affaire. "C'est un m�me dossier, une m�me affaire, les pr�venus sont poursuivis pour les m�mes chefs d'inculpation, il faut donc qu'ils soient tous entendus par le juge d'instruction", indique le magistrat avant d'entendre les avocats de la d�fense et le repr�sentant du minist�re public. Ce dernier demande l'application de la loi, alors que le collectif d'avocats de la d�fense, dix-neuf au total, plaide pour le d�roulement du proc�s. Partant du fait que c'est un m�me dossier et que les m�mes faits soient reproch�s � ses clients, Mustapha Bouchachi, avocat de la Ligue de Ali Yahia Abdenour, rappelle le principe de fonctionnement du tribunal criminel avant de faire remarquer que le tribunal criminel d'Alger a eu � examiner des affaires dans les m�mes circonstances. Noureddine Benissad abondera dans le m�me sens en disant que rien n'emp�che � ce que le tribunal les auditionne au cours du proc�s et de se demander pourquoi les cinq pr�venus qui se sont rendus � la justice le 22 f�vrier dernier n'ont pas �t� auditionn�s depuis. Son confr�re du barreau de Djelfa, Khaled Kadouri, s'appuiera sur des textes de loi pour d�montrer que le renvoi n'est pas justifi�. Noureddine Ahmime, du barreau de Laghouat, nous dira en marge de ce proc�s que la justice est souveraine dans ses d�cisions, il esp�re seulement que le juge tiendra ses promesses, que les d�tenus seront entendus dans les plus brefs d�lais et que l'affaire sera programm�e au cours de cette session criminelle. "Il ne faut pas perdre de vue que les pr�venus sont en d�tention pr�ventive." Un rappel que fera �galement ma�tre Cherbal Se�f-Eddine du barreau de S�tif qui tient � pr�ciser que deux de ses clients n'�taient pas en d�lit de fuite et qu'ils n'ont re�u que r�cemment leurs convocations. "Ils avaient jusqu'au 22 f�vrier pour se pr�senter." Pour lui rien ne motive le report, si ce n'est la volont� d'apaisement. "Le dossier est juridiquement vide, le report est �minemment politique". Il faut dire que l'annonce du report du proc�s a suscit� le bourdonnement de la salle d'audience qui s'est av�r�e trop petite pour contenir ceux qui, par solidarit�, sont venus suivre le proc�s des d�tenus qui quitteront le box des accus�s sous un tonnerre d'applaudissements. Pour rappel, les dix-sept d�tenus, en majorit� jeunes, parmi lesquels des �tudiants, sont poursuivis pour "incendie volontaire, attroupement arm�, incitation � l'attroupement, coups et blessures volontaires avec armes blanches, destructions des biens de l'Etat et obstruction de la voie publique". Chefs d'inculpation pour lesquels le docteur Fekhar, �lu FFS � l'APC de Gharda�a, et Mohamed Djelmani, responsable local de la LADDH, tout comme les autres d�tenus encourent de lourdes peines de prison. S. A. Gharda�a sous haute protection La vall�e du M'zab a v�cu une ambiance particuli�re, hier, et les deux jours qui ont pr�c�d� le proc�s des d�tenus accus�s d'�tre � l'origine de la gr�ve des commer�ants qui tournera en �meutes en octobre dernier. La population mozabite a fait montre d'une tr�s grande mobilisation pour exprimer sa solidarit� envers les d�tenues "injustement incarc�r�s", le tout sous le regard discret mais tr�s pr�sent des services de s�curit�. Une chape de plomb pesait sur la ville. Tr�s t�t dans la matin�e d'hier bon nombre d'entre eux v�tus de la tenue traditionnelle mozabite attendaient devant l'entr�e de la cour de Gharda�a pour pouvoir assister au proc�s ou � d�faut le suivre de l'ext�rieur. Les commer�ants qui avaient dans un premier lieu d�cid� de baisser les rideaux durant le proc�s ont finalement opt� pour maintenir leurs magasins ouverts et de rester debout devant leurs locaux. Ils r�pondaient ainsi � un appel � la sagesse lanc� la veille par les notables de la ville, qui, nous dit-on, on eu de nombreux contacts avec les autorit�s locales. C'est aussi par solidarit� que de nombreux �lus du FFS ont fait le d�placement � Gharda�a, une ville dont les entr�es �taient tr�s bien quadrill�es dans la journ�e et la nuit de samedi � dimanche. De nombreux barrages et le contr�le syst�matique des v�hicules immatricul�s � Alger, Tizi-Ouzou et B�ja�a �taient quasi bloqu�s � l'entr�e de Berriane. Un fait que Ali Laskri, premier secr�taire national du FFS, d�noncera dans une conf�rence de presse qu'il a anim�e au si�ge de la f�d�ration de son parti. Des faits sur lesquels Djoudi Mammeri revient pour mettre en exergue le danger qui p�se sur la libert� de circuler. Il n'exclut pas de recourir � la justice pour d�noncer ce dangereux d�rapage. A Gharda�a, o� un important dispositif de s�curit� a �t� d�ploy�, de nombreux militants du mouvement citoyen du Sud �taient pr�sents, tout comme des membres du Comit� Benchicou pour les libert�s. Tous ont promis d'�tre au rendez-vous pour le prochain proc�s.