Même si les enseignants sont partagés sur les «points de faiblesse» du système éducatif, ils sont unanimes à conclure qu'une révision s'impose. Ce système est réduit à gérer les flux des élèves au lieu de fournir un enseignement de qualité, à la hauteur des budgets consacrés. Invités à participer aux travaux de la conférence sur l'évaluation de la réforme du système éducatif, les enseignants ne cachent pas leur appréhension que ce rendez-vous soit la énième rencontre dont les recommandations «seront vite jetées aux oubliettes», selon Messaoud Amraoui, de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Le syndicat s'interroge sur le sort réservé aux recommandations des différentes rencontres régionales puis nationale sanctionnées par une série de propositions dont le sort est resté inconnu. «Pour la rencontre de ce samedi, nous préférons attendre de voir les thèmes proposés pour nous prononcer», explique le même syndicaliste, qui dénonce le «peu de sérieux» accordé aux travaux des réunions organisées en 2014 dans le cadre de l'évaluation de l'enseignement primaire et moyen. Le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) ne partage pas ce point de vue. Pour Nouar Larbi, coordinateur national de ce syndicat, la rencontre de ce samedi revêt une importance capitale. «Le rendez-vous est parrainé par la présidence de la République, il regroupera un nombre important d'acteurs du secteur, ce qui pourrait signifier que la préoccupation de l'évaluation de la réforme est porté à son plus haut niveau et n'est pas confiné entre les fonctionnaires du secteur de l'éducation», explique M. Nouar. Le syndicat proposera une série de mesures «pour une école qui produira du savoir». Les propositions du Cnapeste concernent, pour l'enseignement primaire, la réduction du nombre des matières. «Il s'agit de garder les matières structurantes à savoir les maths et les langues et l'introduction des autres matières sous forme de thèmes», explique le syndicaliste qui plaide pour plus d'effort à l'égard des langues étrangères. Pour le CEM, le syndicat souhaite la révision des coefficients des matières et la révision du système d'évaluation. «Le BEM tel que présenté aujourd'hui est à tendance littéraire et, paradoxalement, les meilleurs élèves sont orientés vers les filières scientifiques et techniques, d'où le taux d'échec important relevé dans le secondaire», soutient le même syndicaliste qui, par la même occasion, appelle à la révision du baccalauréat et à la réhabilitation de l'enseignement professionnel. Pour ce syndicat, le système d'évaluation doit être revu : «Il faudrait se concentrer plutôt sur l'esprit d'analyse et de synthèse que sur la mémorisation, comme c'est le cas actuellement.» Le syndicat considère que l'organisation de 10 ateliers et l'invitation de toutes les parties concernées sont «bon signe». «Espérons que les 450 points dégagés au niveau local lors des consultations précédentes trouveront une issue favorable», ajoute M. Nouar. Pour sa part, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) constate que «malheureusement, l'Etat algérien ne s'est pas donné comme objectif principal de garantir une école publique, gratuite et de qualité puisqu'il l'a dotée d'un système éducatif qui ne répond pas aux besoins réels des Algériens». Le syndicat a adressé une réflexion sur l'école et la réforme, dans laquelle il explique les points de faiblesse de cette institution. «Ne pas instrumentaliser l'école par les différentes idéologies et laisser l'enfant faire ses propres choix. Par contre, il faut lui apprendre à réfléchir, à critiquer et à synthétiser et à ne pas verser dans le parcœurisme», peut-on lire dan les recommandations du CLA. Ce syndicat préconise l'allègement et le rééquilibrage des horaires d'école de manière à laisser du temps libre pour l'expression personnelle et les activités culturelles de l'enfant. Il s'agit également, selon la même source, de mettre en place un système de formation continue pour les professeurs-formateurs et cela, par l'ouverture d'instituts spécialisés, ce qui leur permettrait de se recycler durant une année de formation tous les cinq ans. Ajouter à cela la tenue de différents séminaires de formation au cours de l'année scolaire. La création d'une année supplémentaire de tronc commun au début des études secondaires et l'organisation d'une deuxième session du baccalauréat pour les non-reçus sont parmi les propositions du CLA, qui plaide également pour la valorisation du métier d'enseignant à travers l'amélioration de ses conditions de travail.