Quatre cent propositions ont été nregistrées lors des séances de travail ayant regroupé les cadres du secteur de l'Education, les pédagogues et les syndicats, pour l'évaluation de la réforme, neuf années après sa mise en œuvre. Elles s'articulent autour des points forts de la réforme, ses lacunes et dysfonctionnements ainsi que les actions à entreprendre pour y remédier. Elles seront soumises au débat lors des premières assises nationales de l'éducation devant se tenir le mois prochain à Alger. Une première dans les annales du secteur de l'Education qui donnera l'occasion aux experts d'affirmer s'il y a lieu de maintenir cette réforme ou de revenir aux méthodes d'enseignement adoptées par le passé surtout dans le cycle primaire. Autant d'interrogations qui inquiètent depuis quelque temps, tous les intervenants dans ce secteur, les syndicats en premier lieu. Ils ont, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur les conséquences d'un processus de réforme auquel l'école algérienne ne semble guère adaptée. Ils estiment que le moment est venu pour pallier les lacunes relevées après la mise en œuvre des premières mesures de réforme. Le coordinateur national du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Larbi Nouar, affirme avoir soulevé, lors des séances de travail avec les responsables du secteur, la nécessité de confier l'évaluation de la réforme aux experts. « Il faut éviter le populisme. L'évaluation de la réforme est une affaire de pédagogues, puisqu'il y va de l'avenir de nos enfants. Les 8 millions d'élèves d'aujourd'hui seront les citoyens de demain. Ce qui justifie l'importance que nous devrions accorder à la révision du contenu des programmes scolaires et la modernisation des méthodes d'enseignement et de gestion pédagogique et administrative », estime-t-il. Il relève l'inadéquation entre le volume horaire et celui des programmes, jugeant impérative l'adaptation entre ces deux paramètres. Il reconnaît que les élèves des trois cycles souffrent de surcharge des programmes. Le Cnapest préconise le maintien, dans un premier temps, des matières essentielles (calcul et langues) au cours des trois premières années du cycle primaire, estimant que l'éducation islamique et morale se fait au sein de la famille. « La religion c'est l'affaire de la famille et non de l'Etat », souligne M. Nouar. Revoir le volume horaire Pour l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF), il est temps de revoir la répartition du volume horaire. Son président, Sadek Dziri, explique que cette mesure est tributaire de la suppression de certaines matières enseignées dans le cycle primaire, telle l'éducation technologique. « Il faut apprendre à l'élève les langages fondamentaux et éviter le gavage inutile », souligne-t-il, insistant sur l'enseignement des matières essentielles. Il propose l'institution de la vacation unique -de 8h à 14h- à l'exemple de ce qui se fait dans bon nombre de pays. Selon M. Dziri, cette méthode est certes efficace, mais elle nécessite beaucoup de moyens, à commencer par l'instauration du régime de la demi-pension dans les écoles primaires. Autre urgence à prendre en charge lors des prochaines assises : la surcharge des classes. Pour les syndicats du secteur, le sureffectif est à l'origine de nombreux problèmes notamment la médiocrité du rendement pédagogique des élèves. Selon es deux syndicalistes, il faut trouver une solution à ce problème qui ne convient nullement à la méthode de l'approche par compétence, dont le principe consiste à encourager l'élève à exploiter ses connaissances dans toutes les matières Des connaissances que bon nombre d'élèves n'arrive même pas à assimiler, vu les effectifs entassés dans les salles de cours, alors que les normes universelles prévoient un ratio de 25 élèves par classe. D'autres problèmes seront à l'ordre jour, nécessitant des solutions. M. Nouar cite, entre autres, la formation des enseignants. Il insiste, à cet effet, sur une formation effective et réelle. Selon lui, la formation en cours d'emploi des enseignants du primaire et du moyen initiée par le ministère de l'Education avec le concours du département de l'Enseignement supérieur, n'a pas atteint l'objectif escompté en matière de rendement pédagogique.