Le colloque sur la toponymie algérienne s'est ouvert hier, à la salle de conférences de la cité administrative de la wilaya de Jijel. Initiée par la Haut-conseil à l'amazighité (HCA), cette rencontre de trois jours se situe «dans un contexte de nouvelle volonté politique exprimée par le gouvernement», a précisé le secrétaire général du HCA, à l'ouverture du colloque. Le travail engagé par le HCA, qui en est à sa vingtième année d'existence, vise la mis en œuvre d'«une vision pragmatique et sereine» : sorties sur terrain, collecte de proximité par immersion, renforcement du partenariat avec les institutions universitaires et de recherche. «Le travail du HCA est l'œuvre d'une équipe déterminée à servir l'amazighité et les valeurs de notre patrimoine linguistique et historique et à réunir les conditions pour l'aménagement de tamazight et son épanouissement dans toutes les sphères institutionnelles. Notre stratégie est de traduire la dimension nationale de tamazight dans le but d'instaurer un principe de tous les Algériens. L'amazighité de tous les Algériens sans exclusion», a asséné Si El Hachemi Assad. Le colloque sur la toponymie, organisé avec le soutien du Premier ministère et du ministère de la Culture, permettra de «confronter» les avis des chercheurs sur la toponymie. «Notre objectif est de les inviter à une réflexion plurielle et profonde, d'offrir l'opportunité de croiser les réflexions, d'inciter aux questionnements fertiles et constructifs dans la perspective d'introduire de nouveaux axes de recherche sur les multiples voies d'exploitation de la connaissance sur les toponymes», soutient Si El Hachemi Assad, qui évoque une banque de données nationale qui s'appuiera sur les recommandations du colloque. La journée d'hier a porté sur «Les strates linguistiques et la normalisation de la toponymie». Foudil Cheriguen, professeur à l'université d'Alger, est revenu sur les langues qui ont «fait souche» et marqué la toponymie algérienne : l'arabe dialectal, le berbère et le français. Brahim Atoui, docteur en sciences géographiques, a traité de la toponymie algérienne et sa «gestion administrative» post-indépendance. Le conférencier a assuré que l'espace algérien présente une grande variété de toponymies dérivées des populations qui se sont successivement installées sur son territoire : Phéniciens, Romains, Byzantins, etc. L'«apport» de l'occupant français n'est guère important : «Très peu de toponymies françaises ont été introduites (321)», a précisé l'intervenant. Enumérant les décrets sur la baptisation/débaptisation de l'espace algérien, M. Atoui bat en brèche l'avis général et même d'une partie du parterre présent selon lesquels il y aurait eu une volonté d'arabisation des toponymes ; il en impute la responsabilité aux pouvoirs locaux (APC).