E n visite hier au CHU Ben Badis de Constantine, le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a ordonné la fermeture du service de gynéco-obstétrique, au centre d'un véritable scandale depuis la diffusion, mardi dernier, d'un reportage à la télévision, où des milliers de citoyens ont pu voir l'état catastrophique dans lequel se trouve le service, qui reçoit les parturientes de 17 wilayas de l'Est algérien. Pour rappel, le même service, qui connaît une anarchie sans pareille, a aussi été au centre d'un autre scandale, il y a de cela une année, qui l'a rendu célèbre et a été rapporté par tous les médias, et ce, suite à l'enlèvement du nouveau-né Leïth Kaoua. Ainsi, le service sera fermé jusqu'à l'achèvement des travaux de réhabilitation, selon le ministre. Tout le matériel et le personnel de ce service seront transférés vers les maternités de l'hôpital Mohamed Boudiaf à El Khroub et de l'EHS de Sidi Mabrouk. Selon les responsables de ce service, il était impensable d'assurer les prestations, alors que les travaux ont été lancés dans les deux tiers de l'établissement, sans compter les transferts des malades des autres wilayas. En présence du ministre, des sages-femmes ont vivement dénoncé l'installation du matériel neuf 48h seulement après la diffusion du reportage télévisé et les articles de presse ayant suivi, sans compter les replâtrages opérés au sein du service, en prévision de la visite de Boudiaf. «Ce n'est que de la poudre aux yeux pour voiler la vérité devant le ministre. Il y a deux jours seulement, nous avons reçu des équipements et des armoires neuves. Alors pourquoi on n'a pas pris en considération nos revendications avant le pourrissement de la situation», a déclaré une sage-femme. Hier, les journalistes et la délégation ministérielle ont été choqués par les images que certains responsables ont voulu cacher, celles d'une salle d'accouchement qui ressemble à un abattoir, avec un matériel corrodé et des cafards qui circulent. Le ministre, qui n'a pas caché sa colère et sa déception face à cette situation, a donné des instructions au directeur de l'hôpital de la ville de Didouche Mourad d'ouvrir la maternité de cet établissement dans 10 ou 15 jours, pour diminuer la surcharge sur les autres hôpitaux. «Pour le moment, la maternité du CHU ne souffre d'aucune surcharge, ou évacuation des autres wilayas. Tous les problèmes seront réglés et des mesures seront prises», a-t-il affirmé, en niant les déclarations du directeur général de cet établissement concernant la surcharge. Mais la question qui se pose avec acuité est la suivante : après plusieurs années d'anarchie et de débandade, pourquoi n'a-t-on jamais pensé à prendre les mesures qui s'imposaient à la maternité du CHU, dont la situation n'échappait guère à tous les ministres de la Santé, y compris Abdelmalek Boudiaf, qui avait été lui-même wali de Constantine. Ce dernier, installé depuis une année, était bien au courant de la gestion catastrophique de cet établissement. Il n'a pas manqué de l'exprimer hier en disant : «325 milliards de centimes du budget du CHU sont retournés au Trésor de l'Etat, pourtant cet établissement manque de plusieurs choses. J'ai été surpris quand j'ai appris que jusqu'à maintenant 25 affaires sont en justice car il y a des personnes qui ont travaillé avec les services du CHU et leur situation n'a pas été réglée à ce jour. Un matériel de 3 ou 4 milliards de centimes a été endommagé, et c'est voulu. Les résidents ne sont pas formés, pourtant il y a un budget octroyé à la formation.» A bout de nerfs et d'un ton menaçant, le ministre a déclaré : «Il y a des enquêtes judiciaires et sécuritaires qui sont diligentées sur plusieurs services du CHU, j'aurai les résultats dans 48 heures et mercredi, au plus tard, des mesures seront prises.»