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Pierre-jean Le Foll-luciani : auteur «Une solidarité entre militants
Culture : les autres articles
Publié dans El Watan le 30 - 07 - 2015


Quelle est l'originalité de votre recherche ?
Depuis les années 1980, plusieurs travaux ont été consacrés à des Français d'Algérie impliqués dans la lutte anticoloniale, mais aucun n'avait jusqu'ici interrogé spécifiquement la participation de juifs au mouvement national algérien.
Partant du constat qu'en Algérie coloniale, les juifs autochtones ont, dans leur diversité, des vécus distincts de ceux des Européens, j'ai souhaité questionner les implications de ces vécus dans les engagements politiques.
La première partie propose un regard général sur la diversité des attitudes des juifs d'Algérie face à la question coloniale, tandis que les seconde et troisième parties étudient à la loupe les trajectoires d'une quarantaine de militants anticolonialistes juifs, de leur enfance à leur départ d'Algérie quelques années après l'indépendance.
Cette étude fouillée d'un groupe très circonscrit permet, me semble-t-il, de porter un regard original sur l'histoire sociale et politique des juifs d'Algérie, des relations intercommunautaires et du mouvement national.
Cette recherche n'est donc pas seulement fondée sur un travail d'archives «classique» (archives policières, judiciaires, documents politiques, presse, etc.), mais aussi sur une utilisation importante de sources mémorielles.
Parallèlement à la sortie de l'ouvrage, j'ai d'ailleurs ouvert un blog (www.trajectoires-dissidentes.com) pour valoriser les paroles et les documents recueillis chez des témoins qui, dans leur grande majorité, sont des «inconnus» dont aucun ouvrage ne mentionnait jusqu'ici l'existence.
Est-ce que retrouver les nombreux militants juifs qui se sont engagés dans la guerre de libération algérienne a été difficile ? Se sont-ils exprimés facilement ?
Une fois les premiers témoins rencontrés, je n'ai pas eu de mal à entrer en contact avec les anciens communistes, qui constituent la grande majorité des hommes et des femmes interrogés. J'ai en effet bénéficié des liens d'amitié persistants entre anciens militants plus de cinquante années après la guerre, notamment entre celles et ceux qui ont vécu ensemble les épreuves de la clandestinité et de l'emprisonnement.
La grande majorité d'entre eux se sont exprimés facilement et ont été extrêmement bienveillants à l'égard de mon travail.
Lors des prises de contact, j'ai tout de même essuyé quelques refus d'entretien, et quatre témoins m'ont demandé l'anonymat et n'ont pas souhaité me raconter certaines périodes de leur existence, sans doute parce qu'elles étaient trop douloureuses. J'espère que la parution du livre suscitera de nouveaux témoignages et de nouvelles découvertes.
Les juifs combattants devaient-ils être doublement clandestins, vis-à-vis des Européens et vis-à-vis de leurs propres congénères ?
Les militants algériens «musulmans» pouvaient bénéficier dans la clandestinité de la solidarité de leur milieu d'origine.
Les militants juifs comme les militants européens étaient effectivement en rupture avec leur milieu, et pouvaient difficilement s'y sentir en sécurité. Toutefois, les solidarités familiales ont parfois été précieuses.
Une minorité de parents ont même été plus loin : bouleversés par la guerre et le parcours de leurs enfants, certains ont pris de grands risques en faveur de la lutte d'indépendance alors qu'ils n'avaient jamais milité jusqu'ici.
Il faut également signaler que plusieurs inculpés juifs ont bénéficié de la solidarité de personnalités et d'institutions communautaires juives au moment de leur arrestation et de leur jugement.
Mais la clandestinité et la répression ont surtout été l'occasion d'éprouver une solidarité entre militants par-delà les barrières des origines, laissant espérer à ces militants la possibilité d'une existence commune en Algérie indépendante.
En quoi l'apport des Algériens juifs à la Révolution algérienne a-t-il été
important ?
Etablir un bilan comptable – nombre de militants engagés, nombre et types d'actions effectuées – n'est pas chose aisée, et les secrets qui entourent la clandestinité laissent certaines questions en suspens.
L'apport «matériel» de ces engagements minoritaires est sans doute resté limité. Toutefois, il s'inscrit, pour la plupart des témoins, dans l'apport général des communistes algériens à la guerre d'indépendance, qui demeure à évaluer et qui a sans doute été plus important qu'on le dit souvent. P
ar ailleurs, on peut aussi considérer cet apport sur le plan politique et symbolique.
De ce point de vue, que des centaines de militants juifs et européens aient risqué leur vie durant la guerre d'indépendance n'est pas un fait anodin, et constitue jusqu'à aujourd'hui la preuve qu'un engagement commun et de véritables amitiés entre militants de diverses origines étaient possibles, malgré les profondes divisions de la société coloniale.
C'est d'ailleurs ce sur quoi plusieurs des témoins ont insisté lors des entretiens : c'est le point essentiel qu'ils retiennent de leur expérience.
Avez-vous senti des regrets ou un ressentiment chez les militants juifs par rapport au devenir de l'Algérie indépendante et leur mise à l'écart ?
Pour plusieurs d'entre eux, qui se considéraient comme des Algériens, le code de la nationalité de 1963 a été ressenti douloureusement : ses dispositions excluant les non-«musulmans» de la nationalité d'origine et obligeant les militants non-musulmans à établir la preuve de leur engagement pour espérer acquérir la nationalité ont laissé jusqu'à aujourd'hui un goût amer.
Un ressentiment peut donc exister à l'égard des élites dirigeantes algériennes des premiers temps de l'indépendance, sur le point précis du code de la nationalité comme sur des questions politiques plus générales qui concernent l'ensemble des Algériens (luttes intestines au sein du FLN, autoritarisme, parti unique, arabisation, etc.). Mais une chose est sûre : aucun des témoins interrogés ne regrette son engagement anticolonialiste.
En janvier 2008, Gabriel Timsit, engagé en 1955-1956 dans un réseau unitaire regroupant des membres du PCA et du FLN à l'université d'Alger, m'écrivait ainsi : «Nous avons la satisfaction d'avoir été fidèles à nos idéaux et d'avoir contribué fortement, dès le début, à détruire l'horrible colonialisme».


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