L'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, propriété du géant russe de télécoms VimpelCom et du Fonds national d'investissement, a enregistré des résultats financiers en chute libre durant le premier semestre de l'année 2015. La baisse du chiffre d'affaires de l'opérateur pour les deux premiers trimestres 2015, de l'ordre de 9%, qui est la conséquence directe du recul du nombre de clients actifs et surtout de la baisse des consommations moyennes par abonné, «risque de se maintenir et de s'aggraver pour le reste de l'exercice, sauf défection de ses deux concurrents locaux pour une raison ou une autre, et n'a aucune chance d'être rattrapée, même sur le volet de vente de données 3G», affirme l'expert financier Ferhat Aït Ali, dans une analyse des résultats faite à El Watan. Et de rappeler que le nombre d'abonnés à ce réseau local a connu une baisse de 600 000 clients actifs entre le dernier trimestre 2014 et le second trimestre 2015. «Le même phénomène a eu lieu entre le dernier trimestre 2013 et le deuxième trimestre 2014, avec une reprise sur les deux derniers quarts de l'année 2014, ce qui donne à penser qu'une partie des abonnés locaux est constituée d'abonnés à puces multiples qui activent et désactivent des comptes au gré de leurs préférences et moyens du moment, et ne peuvent servir comme base de référence quant à l'évolution du nombre de clients à venir de la société ni être liée directement aux changements survenus dans les statuts et capitaux de cette dernière», poursuit-il. Selon Ferhat Aït Ali, les indicateurs financiers de la filiale algérienne de VimpelCom auront des implications sur la maison mère. «Cette baisse du chiffre d'affaires et des résultats aura une incidence plus forte sur l'entreprise Vimpelcom à l'international qu'au niveau du pays. Ainsi, si les chiffres d'affaires locaux ont subi une baisse de 9% en dinars, on peut aisément constater que la baisse en dollars, elle, est de 25% pour la même période ciblée, et ira en s'accentuant au fur et à mesure des futures dévaluations du dinar», explique-t-il. Pour sa part, l'expert financier Souhil Meddah souligne que Djezzy accuse un retard considérable dans la réalisation des investissements techniques modernes. «Ce retard, qui a causé une forte diminution de l'offre face à une demande exigeante et la perte d'une importante part de marché, se traduit sur le terrain par une baisse drastique des recettes sur les ventes et un niveau des charges fixes maintenu en hausse. Ce qui fait que les capacités financières ont fortement diminué par rapport au plan initial et que le circuit d'autofinancement ne répond plus», analyse-t-il. Cela dit, en dépit de cette situation peu reluisante, Djezzy, relève-t-il, «dispose toujours d'une marge de manœuvre dans la création de l'offre, car le savoir-faire existe toujours, et certains espaces du marché sont toujours vierges avec une demande qui ne cesse de progresser». D'après Souhil Meddah, qui est également promoteur en Bourse et membre de l'Union nationale des investisseurs, Djezzy, qui appartient au FNI à hauteur de 51%, «peut faire appel à plusieurs sources externes de financement pour la réalisation de ses investissements via le réseau classique des établissements financiers ou celui du marché financier». La direction de Djezzy — qui impute ces résultats en forte baisse essentiellement au retard enregistré dans le déploiement de la 3G et la forte concurrence du marché de la téléphonie mobile — n'hésite pas à parler de blocages des investissements de l'entreprise durant la longue période de négociations pour le rachat par l'Etat de 51% du capital de l'opérateur.