La délocalisation des 106 familles résidant aux alentours de la résidence présidentielle de Zéralda et la crainte des habitants des villages de Moretti et Club des Pins de subir le même sort, des commerçants détenant des locaux à la résidence d'Etat Le Sahel à Moretti reviennent au-devant de la scène. Il espèrent, à travers cette action, récupérer leurs droits spoliés par les responsables de l'Etat. L'histoire de cette trentaine de commerçants remonte à plusieurs années déjà. D'après Achour Hadidi, un des commerçants lésés, ces personnes qui travaillaient au sein de l'ex-complexe touristique de Moretti ont bénéficié d'une offre de départ volontaire sans indemnité, mais à condition de bénéficier de ces locaux commerciaux à titre de location pour une durée de 9 ans renouvelable. Ces derniers se sont retrouvés avec un avenir compromis une fois qu'ils ont été condamnés à travailler à perte après la transformation du complexe en résidence d'Etat et sa fermeture au grand public. «A l'époque, nous avons essayé de tenir bon, croyant que cette situation n'allait pas durer, explique notre interlocuteur. Contre toute attente, elle a duré 3 ans après la fin de la période du premier contrat. Ce dernier n'a pas été ni renouvelé ni annulé. Nous avons continué à payer notre loyer durant 12 ans, même si nous travaillions à perte.» D'après Badreddine Slimani, un autre commerçant, après ces années d'attente et au moment où ils espéraient une solution, ils ont été surpris par une décision d'expulsion de leurs locaux sans aucun motif, à part la sécurité des occupants de cette résidence d'Etat. «Nous avons intenté des actions en justice, mais sans succès. Nous avons été reçus deux fois à la chefferie du gouvernement et nous avons formulé nos demandes. Elles se résumaient en la réouverture du site, la réintégration à nos postes, ou être indemnisés en guise de consolation. Malgré leurs promesses formelles de prendre en charge notre situation, nous sommes aujourd'hui sans ressources, sans aucun avenir ni droit à la retraite», déclare-t-il. Et d'ajouter : «Nous n'avons jamais pensé subir un tel sort après qu'ils nous aient poussés à la démission. Au lieu de répondre à nos demandes formulées sur instruction de la chefferie du gouvernement, nous avons été sujets de décisions discriminatoires et d'expulsion. Trois de nos confrères ont été réintégrés, certains ont toujours leurs locaux, mais la grande majorité a été expulsée.» Les commerçants concernés disent ne pas comprendre sur quel critères pareilles décisions ont été prises et si leur présence représentait une véritable menace pour l'Etat, alors qu'ils ne faisaient que travailler. Parce qu'ils ont frappé à toutes les portes sans succès, ils interpellent le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour une éventuelle solution. Pour mieux comprendre la situation et les raisons de cette mesure d'expulsion, ainsi que le sort des locaux fermés jusqu'à nos jours, nous avons essayé de joindre la direction de la résidence d'Etat Le Sahel de Moretti, en vain.