Suite à une brève bourrasque qui s'est abattue sur la ville, le marché de fruits et légumes de Aïn Sefra est passé à côté d'une catastrophe. Ce n'est pas la première fois que les quartiers sensibles de la cité sont mis à mal par les courtes mais fortes pluies diluviennes qui ont tendance à se répéter depuis plusieurs années, mettant ainsi à rude épreuve les populations qui sont souvent prises de court durant la nuit. Pourtant, l'oued Aïn Sefra n'en est pas à sa première crue. La plus ancienne remonte à l'année 1864 et aura pour première conséquence la quasi-démolition de la petite jetée qui faisait alors office de port. Ce qui nécessita le déplacement de Napoléon III, dont la visite sera ponctuée par la restitution de la vieille mosquée au culte musulman et le démarrage du projet d'agrandissement du port de Mostaganem. Mais la première grosse inondation n'interviendra qu'en 1890, année qui verra la longueur de la jetée portée à 830 mètres. Tout le monde se souvient des inondations des 26 et 27 novembre 1927 qui avaient emporté une grande partie des berges et des habitations alentours, faisant de nombreuses victimes. L'ancienne place Gambetta disparaîtra à jamais sous les flots. C'est à la suite de cette catastrophe historique que pas moins de 3 ponts seront jetés entre la place du marché couvert et le quartier du Matemore qui mène vers la vieille ville arabe de Tigditt. Quelques années après l'indépendance, et toujours dans le souci de se prémunir des crues diluviennes de l'oued, le maire de l'époque décida de la transformation des trois ponts en une immense esplanade. Mais en amont, la rivière continuait de se faufiler à travers les talwegs, écorchant au passage les friables berges qu'une agriculture florissante maintenait en exploitation. Récemment, un responsable de l'hydraulique, fort avisé, décidera la construction d'un bassin de décantation et de régulation des crues. Le résultat fut tout simplement spectaculaire pour les habitants des bas quartiers de Sayada qui auront passé leur plus paisible hiver. Entre-temps, l'APC de Mostaganem avait entamé des travaux de recouvrement de l'oued depuis le pont d'El Arsa jusqu'à hauteur de la place des trois ponts. Des aménagements très approximatifs et apparemment forts coûteux qui ne feront que retarder les échéances. Les dalles posées sur les berges ne tiendront pas la route. Les premières fissures seront rapidement suivies d'affaissements sans qu'aucune autorité ne prenne la peine d'entamer une expertise du travail réalisé. Le marché mitoyen continuera d'encombrer les moindres espaces, provoquant un amoncellement d'immondices qui finiront par bloquer inexorablement le cours d'eau. Jusqu'au dernier week-end qui sera marqué par l'arrivée des premières pluies automnales qui se manifesteront sous la forme de fortes bourrasques. Les trombes d'eau empruntant les méandres de l'oued n'auront d'autre alternative que de déborder sur les berges, noyant littéralement toute la partie basse de Aïn Sefra, entraînant une forte frayeur chez les marchands de légumes, dont les étals seront fortement ébranlés par les crues. En attendant, les prochaines pluies risquent de causer des dégâts beaucoup plus conséquents si personne ne prend la peine de curer le lit de l'oued avant d'engager une véritable expertise, afin de se prémunir contre ces débordements à répétition.