Propos recueillis par Ali Cherarak Madani Mezrag, ancien chef de l'Armé islamique du salut (AIS), branche armée du FIS dissous, a tenu cette année une université d'été dans une forêt à Mostaganem et l'an dernier dans un maquis à Jijel. Quelle lecture en faites-vous ? La seule lecture que je puisse faire, c'est qu'il y a un laisser-aller de la part des autorités. Si nous étions dans un Etat de droit, un criminel comme lui serait poursuivi en justice et condamné pour tous les crimes qu'il a commis durant des années. On est en droit de se demander aujourd'hui comment il a pu échapper à la justice et aussi faire tomber toutes les accusations contre lui. Le laisser agir en toute liberté est une atteinte grave à la crédibilité de la lutte antiterroriste que mènent les éléments de l'ANP sur plusieurs fronts. On n'en a pas encore fini avec le terrorisme islamiste. Ce qui s'est passé à Aïn Defla, Batna et Skikda doit nous alerter tous. Nous devons rassembler toutes les forces vives du pays pour lutter contre ce fléau qui ne cesse de se propager. Le projet de réconciliation nationale a-t-il porté ses fruits ? Le projet n'a pas encore abouti. Un criminel qui a massacré des innocents doit être jugé. On ne peut pas absoudre quelqu'un de ses crimes. Le terrorisme a été réduit par les forces de sécurité et le peuple. Aujourd'hui, nous sommes en train d'assister à un retournement de situation. On est passé d'Al Qaida à Daech. Aussi, il faut reconnaître que la réconciliation nationale a affaibli et découragé les forces vives du pays et compromis le projet de lutte antiterroriste. Il n'y a pas de volonté de lutte antiterroriste. Comment expliquer que depuis 1994, il n'y a aucune loi contre le terrorisme ? Pour le cas de la garde communale, dont l'affaire traîne depuis de longues années au ministère de l'Intérieur, nous sommes victimes d'un lobby à l'intérieur du système. Il y a une partie qui veut éradiquer le terrorisme et une autre qui flirte avec, et ce, dans son intérêt. Quant à ceux qui ont combattu le terrorisme, les gardes communaux, les Patriotes et les GLD, ils sont marginalisés. C'est la raison pour laquelle nous ne cesserons jamais de revendiquer la reconnaissance officielle de nos sacrifices. Il faut tout de même souligner qu'actuellement, le dossier de la garde communale est entre les mains du ministre de l'Intérieur. Pourquoi le choix de la commune de Saharidj ? La région de Saharidj est pour nous le symbole de la résistance. Les premiers Patriotes qui se sont soulevés contre le terrorisme, c'était dans cette commune de montagneuse. Aussi, c'est la première région d'Algérie qui a reconnu le sacrifice des gardes communaux, des Patriotes, etc. La preuve : une stèle y a été érigée à la mémoire des victimes du terrorisme et de ceux qui ont mené la lutte durant de longues années. Saharidj a reconnu le sacrifice des personnes qui ont sauvé la République de la menace terroriste.