Par Djilali Khellas Ali s'endort à la fin d'une belle journée. En rêve, il voit une prairie émaillée de fleurs et résonnante de chants d'oiseaux. Un ruisseau à l'onde fraîche et pure la traverse. Ali, séduit par les charmes du lieu, suit pas à pas le bord de l'eau. Bientôt apparaît à ses yeux un jardin ceint d'un mur crénelé. Ali s'arrête un instant devant ce mur, puis il cherche par quel moyen il pourra pénétrer dans le jardin merveilleux. Il fait quelques pas et découvre une petite porte à laquelle il frappe. Djouher, une belle jeune fille vient lui ouvrir. Dans le jardin qui appartient à oncle Ahmed, dansent et s'ébattent joyeusement six belles filles. Ce spectacle captive le regard d'Ali. L'une des filles l'invite à venir se mêler aux danses. Il prend part à la ronde au bras de Djouher. La danse prend fin et l'on se sépare pour goûter le repas. Ali quitte le groupe de danse et continue à suivre le cours d'eau, il arrive auprès d'une fontaine magique, c'est celle du miroir d'El Ghoula (la monstre). Ali commence à prendre peur, puis il se rassure et jette un regard sur le miroir magique où le verger miraculeux se réfléchit dans ses plus petits détails. Il y voit tout un buisson de roses dont un bouton, jeune et frais, l'enivre d'amour. Mais une haie hérissée d'épines l'en sépare. Il reste cependant immobile, dans une contemplation passionnée. Mais El Ghoula en profite pour le larder de ses traits. Elle lui darde ainsi six flèches. Blessé et épuisé, Ali se résigne à se rendre à El Ghoula et devient son homme-lige. En gage, il lui offre son cœur. El Ghoula l'accepte et le clôt à jamais avec une clé d'or. S'il veut conquérir le cœur de sa bien-aimée Djouher, Ali devra suivre les commandements d'El Ghoula. Certes, l'amour est une souffrance, mais avec l'espérance et la persévérance on pourrait triompher. Longtemps après, Ali est resté seul en face de la nature merveilleuse du jardin. Enfin, un beau jeune homme vient vers lui. C'est Miloud, le fils du jardinier. Grâce à ses bons offices, Ali pourra franchir la haie pour être plus près de sa chère Djouher, il pourra même mettre sur son cœur une feuille verte prise au voisinage du bouton fleuri. D'ailleurs, de tels progrès ne font que l'enflammer davantage et il déclare à Miloud, le fils du jardinier, qu'il mourra si on ne le laisse pas rejoindre sa bien-aimée Djouher. Miloud est surpris de ce vœu téméraire. Tandis qu'ils conversent, El Ghoula se réveille et, brandissant sa massue, met en fuite Ali et Miloud. Ali, désespéré, tombe dans la mélancolie. Miloud vient à son secours et lui conseille, pour guérir radicalement, de renier son amour et d'oublier Djouher. Mais Ali, tout entier à sa folie, est sourd aux conseils de Miloud. Il trouve à ses peines un confident dans la personne de Saâd. Celui-ci lui donne les moyens d'amadouer El Ghoula, pour, en fin de compte, s'en faire un puissant allié. C'est ainsi qu'El Ghoula laisse Ali contempler le buisson derrière la haie qui cache Djouher, mais ne se laisse pas attendrir. Un peu plus tard, Hocine et Abed viennent, en avocats rusés, secourir Ali et plaident habilement sa cause auprès d'El Ghoula. Celle-ci consent à rende Djouher à Ali qui court vers la haie. Elle est là ! Il la trouve de plus en plus belle. Il prend courage et l'invite à une promenade à travers le jardin. Djouher résiste, mais Miloud a vite fait de la persuader d'accorder cette petite faveur à Ali. De nouveau, elle l'accueille chaleureusement. Il lui avoue son plus vif désir. Quelle femme saurait longtemps tenir rigueur de s'être vue aimer ? Quelques jours après, Ali et Djouher se marient. Mais ce n'est qu'un rêve ! Ali se réveille. Il est seul ! Il referme ses yeux pour revoir les belles images de son rêve d'été. Autrefois, on racontait cette histoire dans les souks, les soirées d'été et les halkate (rassemblement autour d'un conteur).