Baisser de rideau, samedi soir, sur la 13e édition du festival de la chanson amazighe de Béjaïa, qui s'est déroulée du 17 au 22 août, à la place du Palmier, dans le chef-lieu de la wilaya, sous l'égide du comité des fêtes. La programmation de Amour Abdennour pour le gala de clôture et pour la première fois depuis de longues années de désertion de la scène musicale a drainé des fans de plusieurs régions de la wilaya. Après le passage sur scène des deux autres artistes programmés pour la soirée, le groupe Zing dah et Ouazib Mohand Ameziane, Amour Abdennour fait son entrée, mandole à la main, sous les applaudissement et sifflements du public, ravi. Un sentiment réciproquement partagé, perceptible dans l'énergie mise par l'artiste dans sa prestation afin d'être à la hauteur des attentes. Et ce fut le cas. Deux heures durant, avec toujours la même douceur dans la voix, le chanteur a interprété une bonne douzaine de titres, puisés dans son riche répertoire. A signaler qu'avant le début du gala, trois des chanteurs en herbe qui ont participé au concours de chant organisé parallèlement au festival, ont été récompensés. Il s'agit de trois jeunes amateurs de la chanson chaâbie kabyle, à savoir, à la première place, Chaâbane Yacine de Tazmalt, Oumoussa Amazighe de Tizi Ouzou à la deuxième, et Bournanae Lahlou de Béjaïa, en troisième position. Un prix honorifique a également été remis à Arezki Bouzid, auquel le festival est dédié. Ainsi s'est achevé donc le festival. Cette 13e édition est celle qui aura rassemblé plus de vedettes de la chanson amazighe. Elle a vu défiler sur scène Ali Amrane, Rabah Asma, Hassiba Amrouche, Amour Abdennour, Djamel Sabri du groupe chaoui les Berbères, Boudjemaâ Agraw... En dépit de ce concentré d'artistes tous aussi adulés par le public les uns que les autres, d'une sonorisation et d'une scène à la pointe de la technologie, force est de constater que l'ambiance n'a pas été ou rendez-vous, sinon rarement. Problématique de la gestion de l'espace Encore une fois, la problématique de la gestion de l'espace de représentation de façon à ménager le public jeune, assoiffé de défoulement, et le public familial, dans le respect des traditions et de la bienséance, s'est posée avec acuité. Nombre d'artistes, à l'image de Ali Amrane, Djamel Sabri (Bechtoula) ou encore Thanina, qui ont l'habitude d'entrer en osmose avec le public jeune afin de réussir leurs prestations ont été orphelins de ce dernier, agrippé aux barricades loin devant la scène. Les organisateurs de galas à Béjaïa n'ont, visiblement, toujours pas tiré de leçon des expériences précédentes, comme ce fut le cas en 2011 au stade scolaire, lorsque le chanteur Akli D avait demandé à être rapproché de son public jeune. Cette façon de gérer le public est la norme à Béjaïa, constate-t-on. Avec comme ambition d'internationaliser le festival de la chanson amazighe, à partir de l'année prochaine, d'aucuns pensent que les organisateurs devraient faire l'effort de résoudre l'équation d'assurer l'ambiance tout en faisant cohabiter en bonne intelligence le public jeune et familial. A rappeler, enfin, que la 13e édition de la chanson amazighe de Béjaïa est organisée en hommage à Arezki Bouzid. Il s'agit d'un des plus anciens chanteurs kabyles encore en vue. Le festival lui a rendu hommage en tant qu'artiste, mais aussi en tant qu'héros de la guerre de Libération nationale aux côtés du colonel Amirouche, en plaçant l'édition sous le signe : «Apport de la chanson et de la poésie amazighes au mouvement national».