Le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini, l'avocat de l'ancien responsable de la lutte antiterroriste au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Abdelkader Aït Ouarabi, connu sous le nom du général Hassan, est revenu longuement, dans un entretien accordé au journal électronique Tout Sur l'Algérie (TSA), sur l'arrestation et la détention de l'officier supérieur. L'avocat affirme n'avoir pas encore rencontré son client. «En matière de juridiction militaire, la visite est soumise à l'autorisation du président du tribunal (militaire) quand les chefs d'inculpation sont lourds. Le président du tribunal est absent jusqu'au début de la semaine prochaine, je pense. Je suis donc forcé d'attendre son retour. Ce qui est contraire, évidemment, au code de procédure pénale», explique Me Sellini. Selon lui, «le général Hassan a fait l'objet d'un mandat d'arrêt (il a été arrêté jeudi dernier, ndlr)». «On n'émet, dit-il, un mandat d'arrêt que pour assurer la comparution forcée d'une personne.» «Le général Hassan aurait dû être entendu dans les 48 heures (qui ont suivi son arrestation) par le juge d'instruction. Or il a été mis sous mandat de dépôt avant qu'il ne soit entendu sur ce qu'on lui reproche (…), avant qu'il ne puisse exercer ses droits de défense», indique le bâtonnier d'Alger. Pour lui, «si on ne l'entend pas dans les 48 heures, il est considéré comme étant en détention arbitraire». Me Sellini soutient que «dans son article 100, le code de procédure pénale, qui est applicable aussi à la juridiction militaire, dispose qu'une personne faisant l'objet d'un mandat de dépôt a le droit de bénéficier immédiatement de l'assistance d'un avocat». «Ce qui n'est pas le cas (pour le général Hassan)», souligne-t-il. «De ce point de vue, affirme-t-il, on a porté atteinte aux droits de la défense et à ceux de cette personne de recevoir son avocat.» A propos des raisons de l'arrestation de l'ancien patron de la lutte contre le terrorisme au sein du DRS, l'avocat indique que «d'après la discussion que j'ai eue avec lui au moment où il a été inquiété il y a 20 mois (il a été auditionné par des enquêteurs de la police judiciaire, ndlr), il s'agirait de collusion avec l'ennemi». «On l'accuse, précise le bâtonnier, d'avoir traité avec des groupes terroristes et d'avoir récupéré des armes.» Me Sellini relate quelques hauts faits de guerre du général Hassan qui se sont transformés bizarrement en chefs d'accusation. Selon lui, «il avait empêché ces groupes terroristes de bénéficier d'arsenaux extrêmement dangereux de l'armée libyenne après la chute d'El Gueddafi». «Je parle de ces armes qui ont été soutirées aux terroristes et récupérées pour l'Algérie», affirme l'avocat. Et de préciser que «ce n'est pas la première opération du genre qu'il a menée. Il a récupéré beaucoup d'arsenaux destinés aux terroristes. Des centaines». «Sa hiérarchie était-elle au courant de cette opération ?» Me Sellini est catégorique : «Sa hiérarchie était au courant. Les écrits sont là pour le prouver.» «Mais au départ, ajoute-t-il, dans la prise en charge de ce genre d'opérations extrêmement délicates, sensibles et dangereuses, on ne peut pas prendre le risque de communiquer l'information.» «Vous ne donnez l'information qu'après avoir réussi l'opération. Et c'est ce qu'il a toujours fait», explique le bâtonner soulignant que «tout le monde lui reconnaît ses réussites extraordinaires». Selon lui, «si la lutte antiterroriste a été menée à bien, le mérite lui revient à lui et à son équipe, pour au moins 90%». «Accuser quelqu'un de quelque chose ne constitue pas de facto la culpabilité. Il ne faut pas oublier la présomption d'innocence. Il faut fournir les preuves», ajoute l'avocat qui dit connaître le général Hassan. «J'ai eu l'occasion de le découvrir un homme de grande qualité. Père de trois enfants dont l'un est officier dans l'armée, il vivait dans un appartement de trois pièces, un logement de fonction. Il était confiant et il avait tous les écrits prouvant que les autorités étaient au courant de tout ce qu'il faisait et qu'il n'a jamais entrepris quelque chose sans que sa hiérarchie ne soit informée.» «Je vous affirme qu'il n'a jamais été mis sous contrôle judiciaire», indique l'avocat qui revient sur l'arrestation de l'ancien patron de la lutte antiterroriste en précisant que «dans le code de la justice militaire, le ministre de la Défense est la seule autorité qui peut émettre un ordre de poursuite (contre un militaire)». «Le procureur militaire exécute l'ordre de poursuite. Mais le ministre de la Défense n'ordonne la poursuite qu'après le dépôt de plainte du corps auquel la personne concernée appartient», explique Me Sellini qui affirme qu'«il n'y a pas de plainte du DRS». L'avocat est catégorique : «Sa poursuite est donc illégale. Tant que son corps n'a pas déposé plainte pour dire qu'il a failli dans l'exercice de sa mission, on ne peut pas le poursuivre.»