L'insémination artificielle des bovins, introduite officiellement en Algérie en 1979, reste méconnue des éleveurs et fermiers. Ce n'est que dix ans après que le premier taureau, issu de cette technique, a vu le jour dans la Mitidja. «Avec le temps et l'appui du Centre national d'insémination artificielle et de l'amélioration génétique (CNIAAG) de Birtouta, des inséminateurs sont installés, aujourd'hui, dans presque toutes les wilayas et réussissent leurs actes d'injection avec un taux de 60%», déclare Oukaci Brahim, inséminateur à El Attaf (wilaya de Aïn Defla), qui prépare un doctorat sur la production bovine. «Cette technique est maintenant maîtrisée ; la preuve, je viens de tester la nouvelle semence sexée femelle, laquelle consiste à faire naître uniquement des génisses», explique-t-il. Le choix de la semence sexée femelle permettra de diminuer l'importation de vaches de 24 mois, adaptées à un environnement européen, nourries et très bien entretenues et qui se heurtent à un autre environnement, une fois en Algérie, caractérisé notamment par des températures plus élevées et un changement des habitudes alimentaires. Et cela n'est pas sans conséquences sur leur rendement. Pour notre interlocuteur, une génisse née en Algérie «s'adapte à l'environnement local. Son système immunitaire se développe aussi en fonction de l'environnement qui l'entoure et elle devient, par ricochet, plus résistante aux maladies. Selon mon expérience, les vaches de naissance algérienne sont 1000 fois meilleures que celles importées, et ce, en matière de rendement et de gestation. Je dirais également que c'est plus économique d'élever une génisse dont le coût ne dépasse pas les 20 millions de centimes que d'opter pour celles importées et qui coûtent 33 millions, sans compter les frais de soins». De retour d'un stage effectué dans un centre d'insémination en Belgique, Allouche Lynda, enseignante-chercheure à l'université de Sétif, a introduit une nouvelle technique sur le croisement industriel des bovins en vue d'améliorer la production de viande rouge et ce, en partenariat avec le CNIAAG. Un peu plus d'une année après le début de l'expérience, la technique avance dans de bonnes conditions, où plusieurs vaches de différentes races (Montbéliarde, Fleckvieh et Holstein), importées ou nées en Algérie, ont déjà été inséminées. Le poids enregistré à la naissance est de 45,67 kg, le vêlage est plus facile dans ce genre de cas, même si dans de rares situations, une assistance au vêlage était nécessaire. Le poids des veaux âgés d'une dizaine de mois, issus de croisement avec la race Montbéliarde, a dépassé les 515 kg et ceux issus de la Fleckvieh a atteint 450,75 kg. Un résultat très satisfaisant, selon Mme Allouche. Les éleveurs adoptent une conduite alimentaire normale et sont très satisfaits des premiers veaux obtenus. D'autres éleveurs souhaitent aussi bénéficier de cette innovation. Dans la wilaya de Sétif, un éleveur a déjà eu 14 veaux croisés blanc-bleu-beige. Les vaches de cette race sont grandes de taille et leur poids peut atteindre jusqu'à 1300 kg. Le docteur Bouchemal Allaoua, directeur général du CNIAAG, suit de près ce projet-pilote et compte généraliser cette technique sur l'ensemble des éleveurs. «La production issue du croisement présente une meilleure qualité de viande rouge», a-t-il soutenu.