De nombreux éleveurs de la région souhaitent bénéficier de cette innovation. L'amélioration du niveau de vie des algériens s'est traduite par une demande croissante sur la viande rouge. Les prix prennent l'ascenseur. Les importations font de même. Les dépenses sont énormes. La dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers s'accentue davantage. Une telle situation attire l'attention d'une jeune chercheuse de l'université Sétif 1. De retour d'un stage en Belgique, Mme Hamadouche se lance un défi, à savoir améliorer la production locale de viande rouge. Joignant la parole à l'acte, l'universitaire fait part de son projet au directeur général du Centre National d'Insémination Artificielle et d'Amélioration Génétique (CNIAAG) qui l'encourage à tenter cette expérience en mesure de rendre d'énormes services, aussi bien au trésor public qu'au consommateur. Ce projet vise à améliorer la production de viande rouge en Algérie et évaluer l'impact économique de l'introduction d'une telle innovation en situation de production, chez les éleveurs, par la mesure du gain en viande et de sa qualité. Le projet consiste à inséminer artificiellement, dans nos conditions d'élevage où l'alimentation et la gestion de nos éleveurs sont différents comparativement à celles des autres pays, des vaches laitières et/ou mixtes, produisant du lait et de la viande, avec une semence importée d'une race de viande de format moyen, le Blanc Bleu Belge, spécialisée en production de viande. Cette semence a déjà été testée à l'échelle commerciale dans d'autres pays sur des vaches laitières et garantit des naissances sans difficulté, d'où son importance pour nous dans le croisement en élevage laitier pour des vaches en fin de carrière ou de niveau de production laitière faible pour améliorer le revenu de l'éleveur. Il faut préciser que la recherche de solutions de développement pour la filière viande bovine est nouvelle, car la production laitière a souvent été la seule priorité de la politique du développement de l'élevage bovin. Les programmes du Ministère de l'Agriculture ont souvent orienté les subventions uniquement vers la production laitière nationale mais la production de la viande rouge n'a encore jamais bénéficié de telles mesures. Pour l'intérêt de notre économie, on doit rectifier le tir, souligne en prélude la chercheuse. Plusieurs vaches de différentes races ont déjà été inséminées par des vétérinaires. A cause du nombre limité des paillettes importées, les vétérinaires pratiquent une insémination profonde rien que pour augmenter le taux de fertilité. Impact économique Les premiers résultats obtenus sont satisfaisants, puisque 95% des vaches inséminées sont déclarées gestantes avec un taux de réussite de 86% observé pour la première insémination. Le vêlage est le plus souvent facile, même si, dans de rares cas, une assistance était nécessaire. Le premier veau né à Sétif a pesé 45 Kg à la naissance et 126 Kg à l'âge de 3 mois, soit une croissance de 800 gr par jour. Les éleveurs sont très satisfaits. Lancé pour la première fois en Algérie, ce projet est très bien accueilli par des éleveurs qui retrouvent le sourire et renoue par la même avec la rentabilité économique. Mieux. «De nombreux éleveurs de la région souhaitent aussi bénéficier de cette innovation» précise non sans fierté la jeune chercheuse. En abordant l'impact économique, l'universitaire répond preuve à l'appui : «Ce projet permet d'améliorer la production de viande rouge par une technique de la biotechnologie. Il permet surtout, dans les élevages laitiers, de rentabiliser les vaches, dont le niveau de production laitière est assez faible ou présentant des quartiers manquant, suite à des mammites chroniques et celles en fin de carrière, dont le niveau de production est en déclin. Concrètement, cela se traduit non seulement par l'amélioration du produit économique par vache et donc du revenu de l'éleveur, mais aussi participe à l'amélioration de la production nationale de viande rouge.» En effet, les veaux croisés obtenus croissent plus rapidement et consomment moins d'aliments par rapports aux veaux des races élevées dans la région, la Montbéliarde et la Fleckvieh. En outre, ils présentent une meilleure qualité de la viande avec une proportion de morceaux de viande noble plus élevée par rapport aux parties osseuse et graisseuses comparativement aux produits issus d'autres races. Il faut signaler que des croisements identiques ont déjà été menés sur des vaches Montbéliarde et Holstein chez nos voisins (Tunisie, Maroc), sur des vaches Holstein dans les Pays Bas, et sur la race Montbéliarde en France. Les résultats ont été jugés satisfaisants, et une amélioration de la production de la viande grâce à l'utilisation d'une semence sélectionnée, a été observée. «Nous souhaitons offrir dans un avenir proche aux consommateurs Algériens une viande de qualité pour une meilleure santé. Il est admis que la viande produite est maigre, donc plus diététique vue qu'elle contient moins de cholestérol par rapport aux autres viandes rouges. Ce qui contribuera à la réduction du risque cardiovasculaire chez le consommateur. Aussi, ce projet permettra dans l'avenir à certains de nos éleveurs de créer des élevages spécialisés dans la production de viande, ce qui contribuera à la création d'emplois en milieu rural», précise fièrement la chercheuse.