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Quand il y a surexploitation des ressources naturelles, la terre se dégrade Youssef Brahimi. Directeur de Cap Dev, bureau d'études pour la mise en œuvre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
- La lutte contre la désertification est un enjeu planétaire. Quelle est l'ampleur de ce phénomène aujourd'hui ? On appelle désertification le phénomène de dégradation des terres de manière irréversible. On parle de processus de dégradation des terres. Ce ne sont pas simplement les pays autour des déserts qui sont concernés. La sécheresse n'est pas non plus la seule cause de la désertification. Les facteurs sont à la fois bioclimatiques mais aussi humains -c'est la question de la gestion des ressources naturelles par l'homme. Quand il y a surexploitation des ressources naturelles, la terre se dégrade. Il faut savoir que tous les pays sont membres de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Il y a des programmes régionaux de lutte contre la désertification sur tous les continents, c'est un problème global. - Pensez-vous que le programme de Barrage vert lancé par l'Algérie dans les années 1970 a été efficace ? L'idée était de reboiser sur 2000 km. Au bout de plusieurs années, une évaluation a été faite et a conclu à un échec. Car on ne lutte pas contre la désertification uniquement par le reboisement. Un des problèmes de ce Barrage vert était justement que l'on n'avait pas assez tenu compte des populations. Il y avait donc des conflits entre le reboisement et le pastoralisme, par exemple. Il y avait aussi un problème d'intéressement des gens à la maintenance des arbres. A partir des années 1980, les autorités algériennes ont engagé des programmes intégrés de développement dans les zones concernés, c'est-à-dire que l'on a associé le reboisement à des activités génératrices de revenus en essayant d'impliquer les populations. Ce sont de petits projets autour de la question de la gestion durable des terres. - De nouvelles techniques de lutte contre la désertification ont-elles été essayées récemment ? La lutte contre la désertification ne doit pas se réduire à des techniques ou des nouveautés. Le plus important, c'est l'approche qui impliquerait tous les secteurs et surtout les acteurs locaux. Pour travailler ensemble et avoir un objectif commun. La technique est secondaire, car elle existe déjà. Les gens luttent depuis des centaines d'années contre la dégradation des terres. Les techniques de conservation des sols sont connues même s'il y a évidemment des techniques modernes. La dégradation des terres est un enjeu majeur qui est aussi lié fondamentalement aux changements climatiques. Dans nos pays, en particulier en Afrique, l'adaptation aux changements climatiques commence par la gestion durable de nos terres.