Un décès en prison et des interrogations. Détenu à la prison de Ghardaïa au lendemain des sanglants événements de Guerrarra, au mois de juillet passé, Aïssa Bencheikh a rendu l'âme, vendredi dernier, dans des circonstances inconnues. En prison avec 24 autres détenus lourdement accusés, le défunt souffrait d'une dépression nerveuse au cours de sa détention. Il n'aurait pas été pris en charge, à en croire des témoignages. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), dirigée par l'avocat Noureddine Benissad, a vivement réagi en exigeant l'ouverture d'une enquête pour déterminer les circonstances exactes de la mort du détenu. Dans un communiqué rendu public au lendemain du décès de Aïssa Bencheikh, 49 ans, la LADDH a appelé «à l'ouverture d'une information judiciaire au sujet des circonstances de ce décès, d'identifier éventuellement les responsables et de les renvoyer devant un tribunal impartial en vue de leur jugement». Pour l'organisation de défense des droits de l'homme, feu Aïssa Bencheikh «souffrait réellement d'une dépression nerveuse, et sa place n'était assurément pas en prison mais dans un centre hospitalier spécialisé pour lui prodiguer des soins appropriés». Le détenu décédé n'a-t-il pas bénéficié des soins nécessaires et d'une prise en charge, probablement ? «Les droits aux soins, à la dignité et à la vie des personnes si elles sont privées de leur liberté ne peuvent justifier leur ignorance, méconnaissance ou mépris par l'administration», reproche la Ligue. Un triste épisode qui renseigne sur les conditions carcérales et les droits des détenus jugés «insupportables». Pour l'organisation de Hocine Benissad, il est temps de permettre «enfin aux différentes associations autonomes notamment celles qui activent dans les droits de l'homme de visiter les prisons et de rendre compte de la réalité de celles-ci et apporter leurs contributions à réformer tout le système pénitentiaire et le mettre en conformité avec les normes internationales telles que prescrites par les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme». Souvent, des témoignages de détenus mettent à nu les conditions «inhumaines» de détention, où les prisonniers ne bénéficient pas des droits les plus élémentaires. «L'impunité ne saurait une règle de gouvernance et ne peut qu'attiser le sentiment d'injustice auprès de sa famille et de ses proches et encourager la violence comme mode de règlement des conflits», met en garde encore la LADDH. Il faut rappeler que les 25 détenus de la vallée de M'zab ne sont pas encore jugés, alors que la durée légale de leur détention provisoire avant le procès, qui est de 45 jours, est largement dépassée. Human Rights Watch a récemment interpellé les autorités judiciaires algériennes pour «soit libérer les détenus ou bien les juger dans des délais rapides et surtout dans un procès équitable».