Les fissures sur les murs de la structure administrative du CEM Mohamed Khemisti (ex-école Guy Thomas) de la cité Tlydjene (ex-Bon marché) de Sétif obligent les autorités locales à fermer l'établissement. Sur recommandation du Contrôle technique de la construction (CTC), le grand collège, qui a formé beaucoup de cerveaux occupant actuellement d'importants postes dans divers secteurs, a fermé ses portes en 2012. Pour ne pas perturber la scolarité des collégiens, il fallait à l'époque trouver une solution de rechange. Ainsi, les élèves du CEG, comme aimaient l'appeler les anciens, sont provisoirement transférés à l'ancien Institut technologique de l'éducation (ITE) El Khansa, situé dans un coin reculé de la cité. Ne pouvant faire autrement, les parents acceptent, la mort dans l'âme, la décision des autorités. Ces dernières s'engagent à entamer les travaux de réhabilitation de l'établissement au lendemain de sa fermeture. Hélas, rien n'a été fait depuis. Le provisoire dure depuis presque trois années. Au grand dam des parents qui ont peur pour leur progéniture, obligée de faire face aux risques de la route et des agressions durant le trajet de tous les dangers. Ne voyant rien venir, les parents tirent la sonnette d'alarme, interpellent les pouvoirs publics devant non seulement atténuer les souffrances de leurs enfants, mais aussi sauver le CEM, un patrimoine d'une valeur historique incommensurable : «Sollicités à maintes reprises pour qu'ils prennent en charge un problème ne touchant pourtant qu'une petite partie de la structure, les responsables de la direction de l'éducation et de la wilaya se rejettent la balle. Ce dialogue de sourds nous empoisonne la vie. On ne sait à quel saint se vouer. Nos enfants, qui ne vont pas de sitôt réintégrer leur collège, souffrent le martyre.» «La ‘démission' des responsables, dont certains ont occupé les bancs du collège, a en outre massacré son jardin, devenu un grand dépotoir», fulminent des habitants de Bon marché qui se sont rapprochés de nos bureaux avec une requête contenant 237 signatures. Aux dernières nouvelles, l'Assemblée populaire de wilaya (APW) avait voté une enveloppe de plus de 4 millions de dinars pour couvrir les études de réhabilitation de quatre ou cinq établissements de la wilaya. Faute de suivi de la part de la direction de l'éducation, l'argent alloué ne sert toujours à rien, au grand désarroi des élèves et des parents. Il convient de mentionner que le CEM n'est pas un établissement ordinaire. Ne levant pas le petit doigt pour le rénover, les responsables concernés doivent savoir que Khemisti a été transformé en camp d'internement où des milliers de Sétifiens ont subi les pires supplices et vexations de l'armée coloniale lors du fameux bouclage de 1957. A-t-on le droit de laisser mourir un tel monument, où chaque centimètre carré est une histoire ? La question est posée à la famille révolutionnaire, aux autorités locales, aux ministères des Moudjahidine et de l'Education nationale, aux anciens du CEG et à la société civile de Sétif devant tout entreprendre pour sauver Khemisti, l'autre berceau du savoir, de la science et de la résistance. Construite en 1936, l'institution, qui a formé de nombreuses générations d'érudits, agonise en silence…