Enfin, Je suis le peuple de la Franco-Egyptienne Anna Roussillon est - et de loin - le meilleur documentaire présenté cette année à Béjaïa. Au lieu de verser dans la facilité, autrement dit installer une caméra à la place Tahrir au Caire pour suivre la révolte du peuple égyptien et l'accélération des événements politiques, Anna Roussillon, qui a étudié la langue et la civilisation arabes, est allée à 700 km au sud du Caire. Elle s'est installée avec la famille de Farraj, un agriculteur. L'homme s'intéresse à la vie politique de son pays, suit de près les nouvelles à la télévision, lit le journal, fait des commentaires sur les chances de Mohamed Morsi et celle d'Ahmed Chafik (les deux candidats de la première élection présidentielle indépendante de l'histoire de l'Egypte), ne cache pas son enthousiasme, dévoile ses déceptions…Puis, tout le village s'intéresse à la politique. Quelque chose bouge enfin au pays de Taha Hussein ! Farraj poursuit ses travaux dans les champs, gère son petit moulin, cherche l'eau, joue avec ses enfants... La petite histoire dans la grande ! Je suis le peuple est un film intelligent, bien travaillé, à grande valeur esthétique. Les images sont soignées et les personnages bien dessinés. Je suis le peuple est le premier documentaire d'Anna Roussillon. Expérience réussie.