Les manifestants convergeaient dimanche vers les différentes places des gouvernorats égyptiens pour revendiquer le retrait de confiance du président Morsi et l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, un an après l'accession de ce dernier au pouvoir. Les forces islamistes ont appelé, elles, à des rassemblements sur les mêmes places pour défendre la légitimité du président égyptien et contrecarrer les tentatives visant à renverser le pouvoir en place. Le mouvement "Tamarrod" (rébellion), une organisation jeune autonome, revendique la signature de 22 millions d'Egyptiens pour une pétition appelant au retrait de confiance du Président Morsi. Et par conséquent, Morsi "ne jouira d'aucune légitimité", a précisé "Tamarrod" estimant que l'affluence des manifestants sur la Place Tahrir, le palais présidentiel au Caire et autres places représentait ce qu'il appelle "le rassemblement du peuple égyptien" pour réclamer la démission du président Mohamed Morsi. D'autre part, les dirigeants du Front du salut national (FSN) composé de forces et partis du courant civil de l'opposition, ont appelé le peuple égyptien à descendre dans la rue pour "replacer la révolution du 25 janvier dans son cadre initial". L'Egypte "n'est pas prête à subir une autre année du régime Morsi", a souligné Mohamed al Baradei, leader du parti Eddoustour", coordonnateur du FSN, dans un communiqué publié samedi soir avant d'appeler le président égyptien à écouter le peuple et à laisser se tenir une présidentielle anticipée avant la fin de son mandat en juin 2016. Le président du parti du Congrès Amr Moussa, a déclaré que tous les Egyptiens "ressentent une grande colère après une année de règne des Frères musulmans et attendent avec intérêt l'après manifestation d'aujourd'hui qui appelle à la démission de Morsi". Dans l'autre camp, l'Alliance nationale pour la défense de la légitimité qui compte les forces et partis du mouvement islamiste ralliés aux Frères musulmans, a appelé samedi soir dans un communiqué, les Egyptiens à participer à la grande manifestation prévue dimanche après-midi à l'Est du Caire et placée sous le slogan de "Défense de la légitimité et rejet de la violence". Les partis de cette alliance participant au sit-in des forces islamistes à la Place Rabiaâ al Adaouiya" au Caire, avaient appelé eux, à une "mobilisation générale" pour défendre la légitimité du premier président. Depuis vendredi dernier des pro et anti-Morsi poursuivaient leur rassemblement sur les différentes places des provinces de la Haute Egypte en prévision de la grande manifestation du 30 juin dans un climat de tension et de division faisant craindre de nouvelles violences pouvant dégénérer en guerre civile. Les manifestations de vendredi dernier avaient été marquées par des heurts qui ont fait huit morts et plus de 600 blessés outre la destruction de plusieurs locaux de partis. Aujourd'hui prend fin le délai accordé par le ministre de la Défense égyptien à l'ensemble des forces politiques pour trouver un consensus et une entente qui mettrait fin à la crise politique dans le pays. Par ailleurs, le président Morsi a examiné samedi avec les ministres de la Défense et de l'Intérieur et le chef des renseignements, les préparatifs en prévision de la manifestation de dimanche et prévu la sécurisation par l'armée, des infrastructures, des entreprises et des installations vitales du pays sur la base de rapports établis par les dirigeants des Frères musulmans. Ces documents font état d'un "complot" pour renversement du pouvoir qui sera exécuté par des parties internes dont des éléments appartenant à l'ancien régime en collaboration avec des parties étrangères pour semer le chaos dans le pays. L'opposition n'y voit qu'un moyen d'intimidation du peuple égyptien. Quant à la position de l'armée et à son éventuelle intervention, l'analyste militaire le général major Sameh Seif al Yazel, a indiqué que l'armée s'était en effet déployée dans différents endroits notamment ceux stratégiques ou faisant objet de menaces. Son intervention, a-t-il encore dit, reste tributaire de quatre cas à savoir des dérapages violents, d'attaque contre les places publiques et installations vitales, usage d'armes et enfin la non maîtrise de la situation sécuritaire du pays. D'ores et déjà, une inquiétude profonde s'est emparée des milieux égyptiens et étrangers quant à l'après manifestation. De son côté, la presse égyptienne fait état dans ses analyses sur la situation, des heurts et troubles pour une autre longue durée qui pèsera lourdement sur la situation socio-économique du pays déjà fragilisé. On parle cependant, d'une médiation étrangère, probablement euro-américaine, de concessions de la présidence et des Frères musulmans afin de parvenir à une réconciliation nationale, de garantir la stabilité du pays et le faire sortir de la crise.