Construire des cités d'habitations sans toutefois penser à les doter d'infrastructures répondant aux besoins les plus élémentaires de ceux qui vont y habiter, telles qu'une école primaire, une salle de soins ou une aire de jeu pour enfants... Cette situation qui illustre le manque de vision des autorités est constaté dans la quasi-totalité des communes de la wilaya de Boumerdès. Les instruments d'urbanisme n'y sont vraisemblablement pour rien. C'est le cas à Si Mustapha, où l'on a érigé 2000 logements, mais aucune structure publique dans les alentours. Ce petit pôle urbain semble être le remake de la ville «Ali Mendjeli» de Constantine. Un véritable patchwork urbanistique qui reflète le manque d'imagination chez ses concepteurs. Sur les 1995 logements que compte le site, 410 sont déjà habités par des sinistrés et des occupants des chalets. Le reste, soit 1588 appartements, ont été réalisés pour la résorption de l'habitat précaire. Mais aucun projet d'utilité publique n'y a été réalisé. Hormis le lycée qui est à 80% de réalisation, les autres infrastructures prévues sur place, dont deux écoles primaires, un CEM, une annexe d'état civil, des unités de Sonelgaz, de l'ADE et d'Algérie Télécom risquent de ne jamais voir le jour. La cité est appelée pourtant à recevoir jusqu'à 10 000 personnes, soit la moitié de la population que compte la commune aujourd'hui. Les 1588 logements étaient destinés pour des occupants des bidonvilles de la wilaya d'Alger, mais les autorités ont fini par réserver un quota de 500 unités pour la population de Si Mustapha. Malgré cela, de nombreux habitants de la région développent d'ores et déjà un discours aux relents régionalistes et ne veulent pas qu'on ramène des gens d'Alger habiter dans leur commune oubliant que ces derniers sont des Algériens à part entière comme eux. Le comble est que ce discours haineux et discriminatoire n'a, jusque-là, jamais été dénoncé par les autorités locales. En mars dernier, l'ancien wali de Boumerdès et son collègue d'Alger ont déclaré que les 1588 logements seront distribués au plus tard fin mai 2015. Cette promesse n'a, malheureusement, pas été tenue. La liste des bénéficiaires du quota (500 logts) destiné pour les résidants de Si Mustapha a été rendue publique en juillet dernier sous la pression de la population. Ce qui n'est pas le cas pour ceux qui sont réservés pour des familles mal-logées de la wilaya d'Alger. Les 1588 appartements devaient logiquement être habités avant la rentrée scolaire, mais les responsables des deux wilayas attendent probablement que les citoyens descendent dans la rue pour les attribuer.