Les nouvelles cités réalisées dans la wilaya de Boumerdès se caractérisent par l'absence d'infrastructures de base en direction des habitants. Les cités d'habitation réalisées récemment dans certaines localités de la wilaya de Boumerdès ne sont dotées d'aucun édifice public. Les exemples illustrant le manque de vision des autorités et les conséquences qui en découlent, sont nombreux. L'inscription des infrastructures d'accompagnement près des grandes cités résidentielles se fait généralement avec beaucoup de retard et parfois même après protestation des résidants. C'est le cas au niveau de la cité des 910 logements de l'Agence nationale de l'amélioration et de développement du logement (AADL) de Zemmouri où l'on fait état d'un manque de commodités. «C'est une cité dortoir. Nous n'avons qu'un petit stade qui se dégrade de jour en jour. On a prévu une école, un bureau de poste, une antenne d'état civil, mais rien n'est encore réalisé, malgré la disponibilité des locaux. Pour le moment, il n'y a que le bureau des services de l'AADL qui est ouvert pour permettre le paiement du loyer sur place», s'indigne Ouahid, un jeune du quartier. Un autre citoyen, retraité, se plaint des pannes des ascenseurs, de l'absence d'espaces verts et de la multiplication de vols à cause du manque d'agents de gardiennage. Les mêmes carences sont signalées aussi dans la commune de Tidjllabine où la démographie a connu ces dernières années une augmentation sans précédent, notamment après la livraison des 929 logements AADL et des 300 autres de type LSP (Logement social participatif). Là aussi, les autorités ont raté le coche puisqu'elles n'avaient pas doté cette cité de plus de 5000 habitants en équipements nécessaires pour répondre aux besoins des résidants. Parfois, l'on ose dire que les services de l'urbanisme n'y sont pour rien. Les plans de masse et d'occupation de sol (POS) n'ont jamais été respectés et appliqués sur le terrain. «On manque de tout ici. Les citoyens sont obligés d'aller jusqu'au chef-lieu pour se faire délivrer un simple document administratif ou pour la moindre injection concernant les malades. De plus, les locaux commerciaux du rez-de-chaussée n'ont pas été ouverts à temps. Auparavant, les habitants parcouraient plus d'un kilomètre à pied pour faire leurs emplettes», dira un habitant du quartier. Les plans d'urbanisme non respectés Les mêmes problèmes risquent d'être rencontrés aussi au niveau de la cité des 1588 logements en cours de construction au nord de la ville de Si Mustapha. La grande partie du programme, dont les travaux sont en phase d'achèvement, est destinée pour des habitants de la wilaya d'Alger. Le site abrite également 300 logements attribués depuis 2007 aux sinistrés du séisme. Dans moins d'un an, prévoit-on, la cité comptera plus de 7 000 habitants, soit la moitié de la population globale de la commune. Qu'a-t-on fait pour leur permettre de mener une vie décente ? Pas grand-chose, rétorquent des résidants. L'école primaire, le CEM et le lycée, inscrits en parallèle avec les logements, sont toujours au stade d'étude, selon le vice-président de l'APC. Cette imprévoyance aura des conséquences néfastes sur les nouveaux habitants. Ils seront pénalisés notamment par l'absence de structures de base au niveau du site, tels qu'un service d'état civil, un bureau de poste, des salles de soins, de sports, etc. Même les enfants risquent d'en pâtir, sachant surtout qu'aucun établissement de loisirs n'est en cours de réalisation sur les lieux. Certes, les enfants âgés de plus de 6 ans seront scolarisés au niveau des écoles existantes, mais certaines de celles-ci sont déjà saturées. «Le nouveau lycée, lancé dans les environs, ne sera finalement pas prêt en septembre prochain, car les travaux ne sont pas encore sortis du sol», indiquent des citoyens de la localité. Cette urbanisation non étudiée est constatée au niveau de nombreuses autres communes de la wilaya, notamment à Ouled Moussa, Bordj Menaiel, Boudouaou et Khemis El Khechna. «Les autorités ne savent construire que des blocs d'habitations, comme si les citoyens n'ont besoin de rien d'autre», ironise un architecte exerçant auprès d'une entreprise égyptienne. Le comble, c'est que même les projets réalisés par des privés dans le cadre de la promotion immobilière n'échappent pas à la règle. Dans la commune de Boumerdès, par exemple, pas moins de 1500 logements sont en train d'être construits par deux promoteurs immobiliers au bord de l'oued Tatareg. Ces derniers n'y ont prévu aucun équipement d'accompagnement.