Après la philatélie qui avait pignon sur rue à une certaine époque, voilà que les gens se découvrent une autre passion. Il s'agit de ces cartes postales en noir et blanc du vieil Alger et d'autres villes du pays qui nous font découvrir l'ambiance et l'atmosphère d'un passé à la douce souvenance. Que cela soit à Bab El Oued, à la rue Larbi Ben M'hidi ou à la place Audin, des pans de trottoirs sont squattés par des petits revendeurs qui refilent la reproduction de cartes anciennes. Pour certains, cela suscite une curiosité ; pour d'autres, c'est une occasion de se retremper un tant soit peu dans une nostalgie. Des essaims de gens se forment pour égrener le passé d'un quartier, défiler l'histoire d'une rue, d'une demeure, d'un établissement ou tout simplement commenter ce qui était en vogue à leur époque. Les prix oscillent, selon la qualité de la reproduction de la carte originale - gardée jalousement par son propriétaire. Cela va de 25 à 150 DA et plus si le format est plus grand. Si de potentiels cartophiles s'attardent sur les cartes du vieil Alger-Centre et son tramway de l'époque coloniale, d'autres collectionneurs s'arrachent les scènes mythiques de la Casbah, d'El Biar, de Bir Mourad Raïs et de Kouba. Le regard est happé aussi par les cartes au label Jomone qui évoque le passé « topographique » de Bologhine, Bab El Oued et autres bourgs comme El Harrach et Cinq-Maisons. « Je balaie des yeux les cartes et j'achète ce qui secoue ma mémoire », nous lance un vieil homme qui se fait un plaisir de nous raconter, dans le moindre détail, les couleurs de recoins d'un passé qu'il tient dans son cœur.