Le procureur de la République près la cour de Laghouat a ordonné, la semaine dernière, l'ouverture d'une enquête sur les «dépassements» constatés à l'intérieur de la prison de la ville, par les chômeurs détenus pendant six mois et libérés fin juillet dernier. L'instruction a été donnée suite aux révélations rapportées par Belkacem Khencha, coordinateur du mouvement, dans une interview accordée à El Watan Week-end du 11 septembre qui déclarait : «Les gardiens s'en prenaient à ceux qui se bagarraient ou qui réclamaient l'amélioration de leurs conditions de détention. Ils tiennent le prisonnier, la tête suspendue, du bout des pieds par une ceinture. Au moment où les uns le coincent des épaules, les autres le frappent sur le plat des pieds pour ne laisser aucune trace. C'était leur façon de punir. J'ai eu des témoignages de gens qui se sont fait menotter pour se voir gifler par les gardiens à tour de rôle.» La police de Laghouat a alors convoqué Belkacem Khencha le 23 septembre et l'a auditionné. «J'ai campé sur mes déclarations, car je n'ai dit que la réalité. D'ailleurs, mêmes les prisonniers m'ont supplié de le faire», affirme l'activiste. Khencha n'était pas le seul, car son camarade de prison, El Oulmi Brahimi, a été lui aussi auditionné. «J'ai confirmé ce qu'a déclaré mon camarade Belkacem. Pour info, les prisonniers appellent ce mode de torture, El Rabha», précise El Oulmi. Les policiers ont aussi convoqué les six autres chômeurs afin de les écouter. Les militants espèrent qu'il s'agit d'une vraie enquête sur les conditions de détention et non pas un préavis de poursuites contre eux pour diffamation.