Il est possible que les «actions» décidées par le Bahreïn et le Yémen à l'encontre de Téhéran aient été inspirées par Riyad, histoire de «punir» les autorités iraniennes pour leur «impertinence» et leur attitude de défiance à l'égard de la famille des Al Saoud. La guerre froide opposant l'Iran aux monarchies du Golfe depuis la signature de l'accord sur le nucléaire iranien est encore montée d'un cran le week-end dernier. En plus des échanges verbaux très violents entre Téhéran et Riyad à la suite du drame qui a endeuillé le pèlerinage à La Mecque, durant le mois de septembre écoulé, les autorités iraniennes ont décidé de déclarer le n°2 de l'ambassade du Bahreïn «persona non grata». Elles lui ont demandé de quitter le territoire iranien sous les 72 heures, réagissant à une décision similaire du Bahreïn. Ces deux derniers jours, le Bahreïn a en effet rappelé son ambassadeur à Téhéran, déclaré «persona non grata» le chargé d'affaires iranien à Manama et saisi l'ONU d'une plainte contre l'Iran pour «ingérence» dans ses affaires internes. «Téhéran ne s'ingère et ne s'ingérera pas dans les affaires de Bahreïn», a répliqué le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, cité par les médias. «Depuis plusieurs années, les responsables bahreïnis sont confrontés à des problèmes internes et au lieu d'essayer d'y apporter des solutions, ils en accusent les autres», a-t-il ajouté. Le Bahreïn accuse constamment l'Iran de s'ingérer dans ses affaires et de soutenir des opposants issus de la majorité chiite qui réclament, depuis 2011, des réformes politiques à la dynastie sunnite au pouvoir, soutenue par l'Arabie Saoudite. Mercredi soir, les autorités de Manama avaient annoncé, en outre, la découverte d'une importante cache d'armes et l'arrestation d'un nombre indéterminé de suspects liés, selon elles, «à l'Iran et à l'Irak». Les monarchies sunnites du Golfe, Arabie Saoudite en tête, regardent avec suspicion les activités de l'Iran chiite dans la région. Les tensions restent vives, notamment en liaison avec les conflits au Yémen et en Syrie. La preuve est qu'en plus de cet incident, le Yémen a aussi décidé de fermer son ambassade à Téhéran pour protester contre «l'ingérence» dans ses affaires internes de l'Iran accusé de soutenir les rebelles chiites houthis. Un «responsable» du cabinet du président Abd Rabbo Mansour Hadi, cité hier par l'agence officielle Saba installée à Aden, a également annoncé le rappel du chargé d'affaires yéménite à Téhéran et «le renvoi de l'ambassadeur d'Iran au Yémen». Mais l'ambassade d'Iran au Yémen est basée dans la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles chiites et où le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi n'a aucune influence. Les forces progouvernementales, appuyées par une coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite, sont en guerre depuis mars contre les rebelles alliés à l'Iran. La présidence yéménite a accusé «l'Iran de violation de (sa) souveraineté nationale par une série d'actes hostiles», selon l'agence Saba. Parmi ces actes, elle cite l'interception en mer d'Oman d'un navire iranien chargé d'une cargaison d'armes et d'explosifs destinée aux rebelles houthis. Téhéran a démenti cette accusation. Quoi qu'il en soit, il est possible que les «actions» décidées par le Bahreïn et le Yémen à l'encontre de Téhéran aient été inspirées par Riyad, histoire de «punir» les autorités iraniennes pour leur «impertinence» et leur attitude de défiance à l'égard de la famille Al Saoud.