Joseph Sepp Blatter, président de la FIFA, et Michel Platini, président de l'UEFA et candidat déclaré à la succession du Suisse, sont dans de sales draps. Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations sur ce que les deux hommes ont commis au détriment de l'institution qu'avec d'autres membres ils ont détourné de sa vocation : servir le football et les footballeurs. Joseph Blatter est sous le coup de poursuites pénales et il est soupçonné à son tour de corruption. Michel Platini, que ses affidés présentaient comme un homme propre et un dirigeant intègre, est dévoilé sous son vrai visage. Un responsable du football qui prenait sa part du gâteau sous le fallacieux prétexte de travaux et services rendus à la FIFA. Le Français, dénoncé par le vieux Valaisan, aura du mal à convaincre les membres de la commission d'éthique de la FIFA que les 2 millions d'euros qu'il a perçus de la part de Blatter sont réellement le fruit d'un labeur. L'ancien Ballon d'or France Football — il l'a remporté trois fois — sera fixé sur son avenir (briguer la succession de Blatter). Le 26 octobre prochain, son passage devant la commission d'éthique de la FIFA peut signifier la fin de son rêve de trôner sur le fauteuil de la FIFA. Le deal Blatter-Platini est établi dans la foulée de l'élection du premier au poste de président de la FIFA, en juin 1998. Platini y a joué un rôle central en bloquant Lennhart Johansson (Suède). Pour lui renvoyer l'ascenseur, Blatter a convenu avec le Français de le «récompenser» financièrement, d'ou l'idée de lui confier des projets et des travaux pour masquer la rente offerte à l'ancien joueur de la Juventus. L'épisode des 2 millions d'euros que Michel Platini a perçus de la FIFA a délié des langues... dans la direction voulue par Blatter, qui n'a eu cesse de détourner l'attention sur son ancien ami devenu son pire ennemi. Le timing de l'opération est important ; il coïncide avec l'accélération des événements tels que souhaités par les justices américaine et suisse et la proximité de la tenue du congrès électif de la FIFA, prévu en février prochain. Michel Platini aura du mal à éviter les écueils que Blatter a dressés sur son chemin. Après l'avoir accusé d'avoir «cédé aux influences politiques» lors du vote pour la désignation des pays qui accueilleront les Coupes du monde 2018 et 2022, voilà qu'il le charge avec cette histoire de 2 millions d'euros encaissés. Des rédactions britanniques et américaines seraient sur le point de divulguer une autre information préjudiciable à Platini qui concerne une somme — on parle de plus de 6 milliards d'euros — qu'a rapportée la vente par la France de 20 Rafale à Qatar en 2014. Dans ce dossier, les intérêts politiques et sportifs se mêlent et se rejoignent. Dans une tentative pathétique de justifier ce qu'il a fait, Michel Platini a adressé, le 28 septembre 2015, une correspondance aux 209 associations affiliées à la FIFA pour les convaincre de sa bonne foi et de lui accorder leur voix le 26 février 2016. La justice américaine suit avec intérêt cette agitation. Chaque jour qui passe conforte sa conviction que la «FIFA est une organisation corrompue sous l'influence de racketteurs». En anglais, le nom de code donné par la justice américaine à la FIFA est RICO — rackteer influenced and corrupt organisation. D'autres épisodes nauséabonds vont suivre dans les heures et les jours prochains.