Dans l'optique d'une réception provisoire de la piscine de l'Ecole nationale des sports olympiques faisant encore couler de l'encre, le «nouveau» maître d'ouvrage a réuni les différents intervenants, le 28 septembre 2015. Partie prenante dans un projet pléthorique en non-dits, malfaçons et travail mal fait, le bureau d'études (BE) portugais prend part à la rencontre. Faisant de l'adage «les paroles s'en vont et les écrits restent» une maxime, le BE, qui ne voudrait sans nul doute pas cautionner un bricolage aux conséquences graves, rédige son rapport, transmis à la DJS le mardi 29 septembre de l'année en cours. Ne laissant rien au hasard, le BE pose des conditions pour la mise en service d'une piscine qui aura coûté au Trésor public la bagatelle de 1,4 milliard de dinars (l'équivalent de 12 millions d'euros). De prime abord, le BE pose deux conditions importantes. «Après une analyse sommaire de l'état du projet, on a constaté que plusieurs lots, objet de la convocation, ne sont pas encore dans une situation de réception provisoire, malgré les différentes relances faites depuis plus de deux ans», mentionne le rédacteur du rapport n'ayant pas omis de remettre sur le tapis la réunion tenue dernièrement en présence de l'ancien directeur de la DJS. Afin de mettre le maître d'ouvrage devant ses responsabilités, le BE met l'accent sur la sécurité des utilisateurs. «Les pavements antidérapants, l'isolation électrique des équipements avec la mise à terre, les illuminations de secours, les systèmes de détection et lutte contre les incendies devront être conformes aux normes en vigueur», tel est le contenu du chapitre inhérent au bien-être des nageurs. Le bon fonctionnement des bassins est l'autre condition posée par le BE, qui insiste sur la prise en charge des volets relatifs au traitement d'eau et d'air et la déshumidification de l'air. Il conditionne la réception provisoire par la mise en service de la GTC (Gestion technique centrale) jouant un rôle primordial dans le processus en question. Mesurant le poids des manques et insuffisances qui bloquent une aussi lourde structure, le BE invite la DJS, qui continue à masquer la «boue» dans laquelle est confinée cette piscine, à exiger des entreprises les résultats des essais préliminaires des équipements et installations. Elles doivent en outre présenter les manuels d'utilisation. Ces entreprises vont-elles répondre positivement à une telle demande ? La question est posée. Le BE ne termine pas sa correspondance sans demander au «nouveau» maître d'ouvrage de prendre attache avec les différentes parties pour terminer correctement leur travail. Les questions du débouchage de tous les tubes, caniveaux de drainage et crépines, ainsi que le remplacement de la menuiserie en inox et l'installation du système d'éclairage du grand bassin en place du système initial défaillant techniquement, n'ont pas été éludées par l'émetteur du document, mettant par ailleurs le doigt sur la réparation de la façade extérieure du grand bassin et la révision de toutes les peintures. «Ne mesurant pas les conséquences de cette fuite en avant, le nouveau maître d'ouvrage qui veut coûte que coûte ouvrir la piscine, sans prendre en considération les réserves et les dangers encourus par les utilisateurs, doit assumer. N'écoutant qu'un seul son de cloche, les autorités locales sont interpellées pour mettre un terme à ce bricolage et à tous les dépassements. Peut-on ouvrir cette piscine sans le certificat de conformité et l'aval de la Protection civile ?» s'interrogent des cadres d'un secteur couvant un grand malaise. Notons à toutes fins utiles que la Protection civile, qui a été invitée avant-hier à donner son avis, indispensable dans pareil cas, aurait émis des réserves.