Lors du colloque international sur le thème «L'ère ottomane dans les études arabes modernes», les participants ont mis en exergue le manque d'archives et de documentation sur l'ère ottomane en Algérie ainsi que l'influence de ce déficit sur les études futures. Ce colloque a été organisé du 3 au 6 octobre par le département des sciences humaines et sociales et le laboratoire d'histoire, patrimoine et société de l'université Abdelhamid Mehri (Constantine 2). Lors des débats le professeur Nacer Eddine Saïdouni a soulevé le problème du déplacement des archives d'un centre à un autre et les conséquences négatives de la négligence et du manque du professionnalisme. «Malheureusement, les archives ont été déplacées une dizaine de fois d'un établissement à un autre, c'est ce qui a causé la perte de plusieurs documents importants», a-t-il regretté. Il a insisté aussi sur l'importance de recourir à des archivistes experts afin de préserver ces anciens documents qui sont d'une valeur primordiale dans les recherches. En plus de ce manque, d'après le Pr Saïdouni, il est extrêmement difficile d'accéder au peu d'archives qui existent sur l'empire ottoman en Algérie, ce qui peut limiter les horizons de la recherche et la rendre futile. Fatima-Zohra Guechi, présidente du comité scientifique de ce colloque, a affirmé qu'elle se déplace en Tunisie afin d'avoir les archives, car il est plus facile d'y accéder, contrairement en Algérie. Pourquoi alors préserver ce genre de documents et en priver le public ? Pour sa part, le docteur Ouddene Boughoufala, de l'université de Mascara, a signalé aussi, lors de son intervention, le manque d'études et de recherches établies sur l'ère ottomane ainsi que le déficit en chercheurs dans ce domaine. Son intervention a porté sur l'intérêt de l'université algérienne à l'histoire ottomane, présentant un bilan premier et une lecture générale des mémoires de magistère et des thèses de doctorat à travers le Portail national de signalement de thèse (PNST) et le Système national de documentation en ligne (SNDL). Pour lui, le volume de travail enregistré est insatisfaisant car certaines universités n'ont pas pris en considération l'importance du travail et de l'effort des étudiants ; elles n'ont même pas enregistré ces recherches sur le web ou les sites mentionnés. «En consultant les bases de données du SNDL et PNST, j'ai constaté que le taux des travaux de recherche sur l'ère ottomane est très bas. Il faut faciliter la tâche aux gens intéressés et enregistrer ces recherches sur les sites, étant donné que l'accès aux archives est difficile», a-t-il avoué à El Watan étudiant. Et d'ajouter : «L'histoire de l'Algérie ne commence pas à partir de 1830. Il faut reconnaître l'importance de l'ère ottomane, ses empreintes et son influence sur notre culture. Il faut encourager les étudiants à travers des bourses à l'étranger afin d'apprendre plusieurs langues, d'universaliser l'histoire de l'Algérie et de la faire connaître dans le monde entier. Il faut inculquer aux universitaires moins intéressés par le passé de leur ancêtres et qui cherchent la facilité, l'amour de la recherche pour qu'ils deviennent eux-mêmes des encadreurs pour les futurs chercheurs.» Le docteur Fatima Ben Slimane, de l'université de Tunis, a estimé qu'il est très important de changer de vision et de ne plus voir l'empire ottoman en tant que colon ; bien au contraire, selon elle, cette époque est partie intégrante de la culture, de l'histoire et de l'identité arabe qu'on ne peut exclure.