La place importante qu'a occupée la ville de Bougie durant de longues périodes de l'histoire et ses échanges importants avec le reste du monde constitue une matière de recherche intarissable pour de nombreux historiens. Le colloque international sur l'histoire de Béjaïa qui s'est déroulé au campus Aboudaou de l'université Abderrahmane Mira les 30 et 31 octobre est assurément l'un des exposés les plus importants organisés à Béjaïa. Des conférences et ateliers sur l'histoire de la capitale des Hammadites sont animés par plusieurs chercheurs et historiens algériens et étrangers. «En 1997, le professeur Djamil Aissani a mis sur pied un colloque sur l'histoire de Béjaïa, quinze ans après j'ai pensé qu'on peut faire le point sur tout ce qui a été fait sur Béjaïa. J'espère que ce colloque sera le précurseur pour lancer le département d'Histoire de l'université de Béjaïa», affirme le Dr. Outmani Settar, président du comité d'organisation du colloque. Professeur, président de l'association Gehimab et directeur du laboratoire de recherche Lamos à l'université Abderahmane Mira, Djamil Aissani a présenté sa plénière intitulée «Béjaïa et sa région à travers les siècles : Histoire, Société, Sciences, Culture». Il a tenu à souligner l'importance de l'organisation de tels colloques pour redonner à Béjaïa la place qu'elle mérite. «Pour pouvoir avancer il faut connaître son passé. Béjaïa détient un héritage historique important reconnu au niveau mondial», dit-il. Le Dr. Salah Baizig de l'université de Tunis et Tahar Kadouri, professeur à l'université de Oujda au Maroc, se sont penchés de leur côté sur la place de Béjaïa dans l'histoire du Maghreb. La place importante qu'a occupée la ville de Bougie durant de longues périodes de l'histoire et ses échanges importants avec le reste du monde constitue une matière de recherche intarissable pour de nombreux historiens. Dominique Valerian, professeur à l'université de Lyon 2, s'est aussi intéressé à ce volet. Dans sa conférence «La place de Béjaïa dans les réseaux d'échanges en Méditerranée (XIII siècle-XIV siècle», le conférencier a expliqué comment la ville de Bougie a pu gagner une place de choix durant de longues périodes grâce à ses échanges avec le reste du monde. Il est aussi l'auteur du livre «Le port de Bougie au moyen âge entre la fondation Hammadite et la conquête espagnole» paru en 2006. «C'est cette insertion de la ville de Béjaïa dans des espaces différents, à la fois du monde musulman mais aussi d'autres espaces de la méditerranée et du reste du monde qui est le centre de mon intérêt. L'histoire de Bougie, son évolution, ses périodes de prospérité ou de crises s'expliquent par son insertion dans ces réseaux d'échanges qui font aussi l'importance politique, scientifique et intellectuelle de Béjaïa à cette époque-là», explique-t-il. D'autres conférences très attendues par le public, à l'instar des plénières sur le président portugais Manuel Texeira Gomes, le passage de Ibn Khaldoun à Béjaïa, Béjaïa sous l'ère ottomane ou encore la révolte de Saldae contre Rome présentée par le professeur Jean Pierre Laporte sous le thème : «Saldae, Vgayet, Béjaïa, Bougie et les révoltes berbères contre Rome». «Saldae est une ville berbéro-romaine, une colonie romaine et cela n'empêche pas que la montagne est toujours restée réfractaire à l'influence de Rome et chaque fois qu'elle l'a pu Saldae s'est révoltée», explique Laporte et précise que les documents de cette recherche sont principalement des images et des textes, des inscriptions romaines découvertes à Béjaïa, à Tiklat (El Kseur) et à Sétif.