La filière est capable, à elle seule, de provoquer un essor économique certain, pour peu que soient aplanies à jamais ses contraintes. D'une capacité de production d'environ un million de litres/an, la filière du lait est capable, à elle seule, de provoquer un essor économique certain dans la wilaya de Souk-Ahras, pour peu que soient aplanies à jamais ses contraintes. Un investisseur de la commune de Bir-Bouhouch, en l'occurrence Redjaimia Bouzid, a récemment réussi le pari de développer une unité de transformation et de produire des fromages de qualité notamment la mozzarella et la Ricotta, deux variantes prisées en Algérie et outre-mer. Son expérience est couronnée par plusieurs reconnaissances de la part des professionnels de ce créneau. Mieux encore, sa fromagerie, implantée loin du bassin traditionnel de la wilaya de Souk-Ahras qu'est la daïra de Mechroha, est porteuse d'une vision macroéconomique. «Cette filière à laquelle j'appartiens est capable d'insuffler un sang neuf en matière d'investissement, de dynamique socio-économique pour la région et par voie de conséquence une aisance générale (…) les atouts existent et toutes les conditions sont favorables à cette lancée», a déclaré le gérant, contacté récemment par téléphone. A Aïn-Seynour, la laiterie Behidji , du nom de son propriétaire, assure la couverture des wilayas de Tébessa, El-Tarf, Guelma et Souk-Ahras. En période de crise ou de protestation dans le secteur public, aucune perturbation n'a été ressentie par le consommateur local. Avec une capacité de production, en période de lactation moyenne, de 83 000 litres/jour, cette unité n'aurait pas à rougir devant les meilleurs producteurs nationaux voire ceux des pays les plus performants. Un équipement acquis pour être performants et répondre aux imprévus y est utilisé par une main d'œuvre acquise aux défis de l'heure et fortement impliquée, a-t-on constaté de visu, lors d'une visite de l'unité. Un deuxième projet lancé Un investissement de 22 MDA pour un équipement fiable, inscrit ce producteur sur la liste des pionniers de la filière. Abdelkader Bourekache, le gérant, a récemment provoqué une rencontre avec la presse où il expliqué avec force détails, l'importance de cette filière prometteuse. «Pour une région qui compte 7762 bovins, 915 éleveurs et 75 collecteurs, la filière parle d'elle-même et l'on suppose qu'avec le concours des autorités tant à l'échelle locale que nationale, notre produit sera de plus en plus concurrentiel. L'implication positive de ces derniers ainsi que celle de l'ONIL (Office National Interprofessionnel du Lait) sont à même d'encourager et les laiteries existantes et celles voulant investir dans ce créneau. L'autre importance de la filière est dans cette dynamique de création d'activités complémentaires appelées à graviter autour du circuit élevage-production-transformation». La laiterie Behidji qui compte investir dans les dérivés du lait vient de lancer un deuxième projet au sud de la wilaya dans la commune de Terreguelt, région qui compte un nombre important d'éleveurs qui peinent, vu le manque des moyens, à transporter leur produit vers les centres industriels. Le mois de Février de l'année en cours, une visite-formation au profit des professionnels a été effectuée à Souk-Ahras par Maarten Picterse, un expert hollandais, et ce sous l'égide du ministère de tutelle. Les débats ont été axés sur les atouts indéniables de la wilaya dans ce domaine mais aussi sur les possibilités d'optimiser la production et sa diversification. Ces deux objectifs son t en bute à une foultitude de contraintes, les activités informelles, la spéculation dans la commercialisation du fourrage et l'érosion génétique des vaches. Disparition progressive de la tarentaise Yazid Hambli, ingénieur agronome et président de la chambre d'Agriculture de la wilaya de Souk-Ahras a depuis des années tiré la sonnette d'alarme quant-à la disparition de la vache Tarentaise, la mieux adaptée aux conditions climatiques de la région et la plus productive parmi toutes les races existantes. «Nous comptons actuellement environ 1 900 têtes de cette race que nous espérons préserver pour ses qualités de vache résistante et moins exposée aux risques des maladies et des changements brusque de température. Ce qui n'est pas le cas pour les vaches importées au prix fort et qui sont moins productives», a-t-il déclaré. Notre même interlocuteur a soulevé un autre problème. L'encouragement de la production céréalière au détriment des autres filières, celle du lait, entre autres, a fait que les terres arables perdent au fil des décennies leurs matériaux organiques pour donner ensuite un sol aride et sans production viable alors que la culture céréalière nécessite le repos de la terre pour lui permettre de régénérer et renforcer la production du fourrage par la même occasion. «Nous avons actuellement une production céréalière en deçà des capacités de la wilaya et une production laitière lourdement affectée par le prix élevé du fourrage», a-t-il constaté. De son côté le président de la CAS-SA (Coopérative Agricole de Service de Souk-Ahras) estime que l'informel gère plus de 40% de la production laitière et que la quantité du lait cru, les chiffres estimatifs, le nombre des acteurs réels deviennent approximatif. Il a déploré, par la même occasion, l'existence d'un marché parallèle de fourrage. «La botte de foin est cédée au marché noir à 600 DA /l'unité soit le double du prix réel et la majorité des éleveurs n'ont qu'à payer ce prix sous peine de proposer leurs bovins à la vente et quitter le métier», a-t-il martelé. Puisse le temps des vaches maigres que traverse le pays depuis les récentes chutes successives du prix du baril du pétrole inspirer les détenteurs des outils régulateurs…