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Une saga portée par des femmes tenaces
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Publié dans El Watan le 16 - 10 - 2015

Découvrez cette semaine Terre de femmes, le dernier roman de Nassira Belloula (Editions Chihab). Retour sur les voix de cinq générations, dont le destin a été ébranlé par toute une région en effervescence : les Aurès.
Zwina
Village de Nara, dans ce vaste pays des Chaouis, un soir de printemps de l'an 1847. L'aube se mit à courir sur la forêt, faisant exploser les contours sombres en poussières cendrées. Acculée derrière la montagne, l'obscurité s'absorbait timidement. Bientôt, la clarté oblique d'un immanent soleil traversera les branches à demi-nues, débusquant ce qui restait de la nuit dans les sous-bois de cèdre, débusquant une autre ombre tout aussi dissolue que frémissante qui fuyait à travers les arbres alignés, serrés les uns aux autres comme des obstacles murés dans une adversité redoutable.
Les brindilles, les buissons épineux déchiraient ce qui restait de la robe fleurie de la petite fille. Sur les cuisses, des taches écarlates s'assombrissaient au contact de l'air et formaient des coulées concentrées. Soudain, survint une douleur atroce d'entre les jambes, ce qui freina sa foulée, réduisait ses chances d'échapper aux chacals ameutés par l'odeur du sang qui s'égouttait sur le sentier. Leur odorat affûté détectait tout autant son odeur qu'elle la leur. Elle les sentait juste derrière, et tout ce bois qui craquait sous ses pas. Une terreur plus intense encore l'immobilisa un moment. Le cou droit, dans le prolongement du corps, à l'affût, elle écoutait le vent frémir au-dessus d'elle.
Dans l'espoir d'avoir échappé à son prédateur, la fillette s'engagea dans un petit chemin de terre qui ondulait sous l'épaisse couche d'air brumeuse, il serpentait dans une forêt qui n'en finissait plus. Elle savait que les champs fauchés s'étendaient devant elle. «La délivrance hors de ces troncs menaçants», songea-t-elle, mais un terrain découvert signalerait à coup sûr à ses poursuivants la chair déjà consommée. Sa main toucha son sexe. «Mon Dieu, comme cela fait mal !», la déchirure sanguinolente émit une onde électrique, lui arracha des gémissements. Elle trébucha une fois de plus sur ce sentier caillouteux, suffoquée par la douleur, elle s'effondra sur l'herbe mouillée. Le souvenir de cette maudite nuit s'imposait avec une telle violence qu'elle ne put retenir ses larmes.
Au loin, une détonation et un cri surprirent la fillette ; une balle transperça un animal qui hurla sa mort. Instinctivement, elle se cacha le visage avec ses mains griffées par les brindilles des sous-bois, lorsqu'elle fut happée puissamment du sol froid par deux bras qui la secouèrent vigoureusement, voulant s'assurer qu'elle était bien en vie. Le hurlement qu'elle poussa retentit dans les bois, effraya des dizaines d'oiseaux, qui, d'un commun accord, prirent un envol précipité dans une cohue indescriptible de battements d'ailes et de sifflements. Quand la fillette posa ses yeux sur l'homme qui la tenait contre lui, son cri se fit écrasement, un cri de gorge brisée, elle venait de reconnaître son frère. Il la tint un moment serrée contre lui, entourée des hommes de la famille, partis à sa recherche au milieu de la nuit.
Le frère déposa doucement sa petite sœur par terre, retira la longue dague de sa ceinture et s'enfonça dans les bois. Il ne tarda pas à tomber sur l'odieux Meddough, qui lui aussi pistait la fillette qui venait de lui échapper. Traîné de force, l'homme fut jeté aux pieds de Zwina, qui détourna la tête en mettant instinctivement la main devant sa bouche, le dégoût au bord des lèvres.
Les doigts d'Ali se refermèrent violemment sur le petit visage de sa soeur, il l'obligea à regarder Meddough, alors qu'il lui tranchait la gorge d'un geste si rapide que l'homme – maintenu immobile au sol par les deux genoux enfoncés dans sa poitrine – n'eut pas le temps de réagir. Le sang gicla chaud et visqueux sur les pieds de la fillette qui n'osait ni bouger ni pleurer. Les yeux figés sur la plaie béante.
Des années durant, lui sembla-t-il, le sang de l'homme responsable de sa honte et de sa souffrance était resté incrusté dans les ongles de ses orteils, l'obligeant à le masquer avec du henné, mais c'était la marque de la damnation, diront les villageois. Le frère finit par avoir pitié de sa soeur, accroupie au-dessus de la gorge tranchée, les yeux exorbités, le corps pétrifié, les doigts plantés dans la terre humide. Il la prit sur son dos, elle s'accrocha instinctivement à ses épaules et rentrèrent tranquillement au village, laissant le corps de Meddough aux crocs des chacals.
Le lendemain, au tout début de l'après-midi, des gendarmes, alertés par la famille de Meddough, étaient déjà au village, tentant de regrouper les hommes à la hâte sur la minuscule placette jouxtant la mosquée. Le corps à la tête tranchée, aux membres déjà dévorés, caché sous une couverture dans une charrette, ramené par les parents du mort, dégageait une odeur nauséabonde qui incommodait les présents, des mouches noirâtres y voltigeaient frénétiquement. Devant un silence pesant, l'un des gendarmes, à la corpulence imposante, pointa un doigt soupçonneux vers Ali.
— C'est toi Ali ?
Le jeune homme demeura immobile, les bras ballants le long du corps et le visage fermé. Le mouvement se fit aussitôt autour de lui, les paysans s'étaient rassemblés rapidement, s'interposant entre Ali et les gendarmes, ils plantèrent devant eux pioches et fourches comme une haie hostile. La main sur son arme, l'officier regarda d'un air de défi la masse compacte devant lui. D'autres hommes arrivaient de partout, surgissant des maisons, des jardins, de derrière les palissades, suivis de femmes et d'enfants dans une étrange procession.
Se sentant menacés, les gendarmes se mirent en position de tir, mais l'officier leur ordonna de baisser leurs armes. Il ne voulait pas d'incidents, ni d'émeutes dans le coin, ils avaient trop affaire avec toutes les insurrections qui éclataient dans les montagnes. Après tout, ce Meddough, se disait-il, n'a eu que ce qu'il méritait d'après sa réputation. Arrêter Ali sans témoins ni preuves provoquerait visiblement un affrontement. L'officier tenta de raisonner la famille de Meddough, qui descendit dans la vallée enterrer ce qui restait du corps du violeur des petites bergères.
Les jours suivants, personne ne revit plus la fillette. Son père la conduisit chez sa tante Zana ; elle venait d'avoir douze ans. La jeune Zwina ne revint chez elle que quatre ans plus tard, par une fraîche matinée de printemps, assise, droite sur le dos de son mulet blanc. Cette apparition inattendue réveilla blessures pour certains et appréhensions pour d'autres ; blessures chez les fils de Meddough, qui étaient hostiles au retour de la fille, et appréhensions chez les vieilles du village, qui affirmaient que la fille allait apporter avec elle des pleurs et des deuils. Les couleurs pourpres qui avaient entaché dès l'aube les terres et les montagnes étaient assez révélatrices, se disaient-elles.
Or, dès que la silhouette de celle qui reçut le sang de l'égorgé et de sa virginité sur ses pieds nus se profila à l'horizon, les vieilles se hâtèrent vite de réciter quelques versets coraniques ou des incantations sensées éloigner le diable du village. Elle savait que son retour n'était pas souhaité. Il lui semblait que tout le village s'était ligué contre elle, et sentait même dans l'air quelque chose d'affreux qui allait s'accomplir avec ce retour.
Parfois, l'envie de retourner chez sa tante lui traversait l'esprit, mais c'était écrit dans les livres qu'elle devait revenir exactement à ce moment-là, crucial et douloureux. Le drame qui allait suivre réconforta les tenaces présages des vieilles. Elle-même crut à l'infortuné destin qui fut le sien. Pour l'heure, dès qu'elle traversait le village, elle sentait tous les regards hostiles sur elle, mais elle marchait le corps droit, le cou allongé, la tête dans les nuages, le menton hautain. Elle attisait envie et désir, peur et crainte, faisait naître chez les hommes du village d'étranges désirs, en premier lieu, chez les fils de Meddough, devenus des hommes, ils étaient fascinés par la jeune fille si belle, elle les consumait d'un feu étrange, entre désir et vengeance.
Les villageois, qui craignaient d'autres malheurs, firent une requête inhabituelle aux parents de Zwina. Ils demandèrent à ce qu'elle soit mariée au fils aîné de Meddough afin d'apaiser les mauvais esprits qui menaçaient l'équilibre du village. Ali arma son fusil de chasse et se planta face à la djemaâ venue le consulter, il jura de tuer quiconque se mettrait sur le chemin de sa jeune sœur. Quelques jours plus tard, le frère protecteur et aimé fut retrouvé dans un fossé, le crâne fracassé. Les vieilles disaient que ce n'était que le début de leur malheur. Profondément touchée par la mort subite d'Ali, la jeune fille s'enferma chez ses parents, décidée à ne plus mettre le nez dehors. C'est à Nara qu'était née Zwina Bent Meddour Chriff en janvier 1834, quatre ans après la prise d'Alger par le comte de Bourmont.
Elle appartenait à une tribu venue de l'Est, une peuplade blonde dont les ancêtres, selon Hérodote, appartiendraient à une tribu libyenne, les Maxies, qui s'étaient établis dans les Aurès, bien avant les Vandales. Cette tribu se serait jointe aux derniers colons romains et aux Berbères pour chasser les Zenata, habitants légitimes de la vallée de l'Oued Abdi qui, laminés par les guerres et les émigrations, ne purent résister ni lutter contre toutes ces tribus. Ces derniers furent donc refoulés au-delà des montagnes, abandonnant leurs terres et les vallées prendront dorénavant pour nom Oued Abdi et Oued Abiod. Les nouveaux habitants, les Ouled Abdi et les Ouled Daoud, connus aussi sous le nom des Touaba, ne formaient au départ qu'une seule tribu qui habitait, il y a 400 ans, dans un village nommé Belloul ou Bahloul, du nom de Aïcha tabahloult (Aïcha la folle), mariée à leur unique ancêtre Bourek, celui qui, selon la légende, donna naissance aux tribus chaouies.
Un jour, sans en connaître la raison, la tribu se mit en marche vers le Nord, en se fractionnant en trois groupes, le premier s'établira à Nara, le deuxième occupera le mamelon de Menaâ et le troisième groupe se scindera encore en deux, l'un tournera vers la gauche et ce furent les Ouled Abdi, l'autre descendra à droite et deviendra les Ouled Daoud ou Touaba. Les plateaux de Nara, surplombant de 500 à 600 m le défilé qui offrait l'eau à la vallée, et prit en aval le nom de Oued Abdi, dont la forme berbère était sans doute Iabdas, en référence au malheureux roi berbère chassé par Solomon le conquérant en 539, offraient des abris naturels, protecteurs contre toute agression.
Zwina, qui était descendante du mélange de toutes ces tribus, était venue redonner vie aux ruines et aux débris de civilisations plus anciennes, sur les rives des villages Achir, Menaâ, Amentane, Djemmôra et Brânis. La tribu de Zwina, lasse des querelles et des guerres tribales pour cause d'eau et de terres cultivables, finit par s'établir en amont, à Nara, ce haut lieu qui leur offrait une protection naturelle, une citadelle ayant déjà résisté aux nombreux envahisseurs, les Gétules, les Romains, et au XVIe siècle, les Turcs. Même s'ils n'avaient jamais pu soumettre à leur seule volonté les Aurès, ils avaient juste la tâche de relever les impôts, une maigre contribution, juste un signe de vassalité, et changer la garnison de Biskra.
Le chemin qui menait vers Nara avait pris pour nom le chemin des Turcs, celui-là même qu'empruntera plus tard le colonel Canrobert pour ses multiples expéditions dans les Aurès. 1840, une année cruelle, fatidique, celle des cadavres qui pourrissaient au soleil, des lambeaux de chair accrochés aux ronces et aux taillis, des corps putréfiés, des visages ensanglantés, des plaies béantes, des mouches et des odeurs, des fumées noirâtres, âpres, âcres, qui montaient en colonnes des villages et des douars vers un ciel sans cesse tourmenté.
Après le passage des colonnes soldatesques françaises, les incendies finissaient le travail, ils consumaient ce qui restait debout, plants, arbres, masures, corps, champs, pierres. Des populations entières, inquiètes, hagardes étaient jetées sur les routes, fuyant vers les montagnes, abandonnant terres et maisons, sans retour possible. Les fermes et les champs changeaient de maître. «Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, […] de jouir de leurs champs.» «Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou bien exterminez-les jusqu'au dernier», écrivit Bugeaud.
Les Français avaient pris Alger, Constantine, Bône dans la plus anarchique et barbare des colonisations. Ils pénétraient de plus en plus à l'intérieur des terres.
Lorsqu'ils arrivèrent dans les Aurès, les soldats nerveux, frénétiques, fusils en bandoulière, alourdis de dragonne de sabre, de bélière et de giberne, avaient pris possession de chaque buisson, de chaque maquis, de chaque taillis. Si les Aurésiens prirent les armes pour se défendre, si des batailles et des guerres éclataient un peu partout, si dans quelques villages des chefs se distinguaient par une résistance farouche, jamais les incertitudes ne furent aussi pesantes et pressantes. Le pays entrait dans une ère d'obscurité et d'anarchie dont l'issue incertaine fragilisait les habitants des Aurès. Pour l'heure, les hommes remportaient de grandes victoires, des éclats d'honneur sur des colonnes françaises entièrement décimées, mais les actes de bravoure s'écrasaient lourdement, affreusement par la puissance de l'armée coloniale.
Les grands chefs berbères et arabes tombaient les uns après les autres, réduisant à néant tout espoir de victoire. Même le grand bey Ahmed de Constantine, qui représentait l'autorité turque, fuyant l'amère défaite infligée par une force soldatesque de quelque huit mille quarante hommes commandés par trente officiers, n'avait trouvé refuge qu'auprès de ses ennemis d'hier, les Aurésiens, qui l'accueillirent dans leurs montagnes. Constantine héroïque ne s'était pas livrée facilement, sa prise fut si pénible et si meurtrière qu'Arsène Barteuil consignait dans son Algérie française :
«…Nous aurions souhaité de tout notre cœur que la prise de Constantine n'eût coûté ni tant de sang ni tant de larmes, et que notre armée eût payé moins cher la réhabilitation de notre glorieux drapeau en Afrique ; mais est-il vrai, oui ou non, qu'un grand nombre d'officiers a péri, qu'un général en chef a été tué, un colonel tué, que plusieurs officiers supérieurs ont succombé ? Est-il vrai que plus de six cents hommes sont restés sur le champ de bataille ? Est-il vrai, enfin, que le général Valée, qui est connaisseur en fait de siège et qui assurément ne s'est abandonné à aucune espèce d'enthousiasme en rédigeant son rapport, déclare que le siège de Constantine est une des plus remarquables actions de guerre à laquelle il a assisté pendant sa longue et honorable carrière ?»
Constantine prise, certaines poches de résistance anéanties, les troupes françaises arrivaient en ce janvier 1850 aux portes des Aurès, elles avançaient sur Nara, juste après avoir brûlé, rasé et détruit Zaâtcha – l'oasis rouge qui ne se relèvera plus de ses cendres – elle ne sera ni reconstruite ni repeuplée, elle restera un souffle épars, perdue dans les tourbillons sablonneux du Sahara. Après tout, ces autochtones enturbannés finiront bien par comprendre que ces blancs émancipateurs apportaient avec eux la médecine, la science et la civilisation et cesseraient tout combat, insurrection et hostilité.
La colonisation apportait ses bienfaits et déjà l'idée avancée par Enfantin, peut-être personnalité si peu influente, simple membre de la commission scientifique de l'Algérie, mais ô combien sa pensée mettait en évidence la marche de cette colonisation, et l'avenir confirmera cela avec la venue des colons de France, de Malte, d'Espagne, du Portugal :
«Je crois que la colonisation de l'Algérie n'est possible qu'à la condition d'y transporter une population européenne assez considérable ; je crois même que la pacification entière et définitive n'est possible qu'à cette condition.»


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