C'est une véritable sonnette d'alarme que les représentantes de la direction des affaires religieuses ont tiré hier en donnant un état des lieux peu reluisant sur les travaux de réhabilitation, lancés en février 2014, et qui demeurent encore à l'arrêt depuis novembre 2014. «Nous lançons un appel pressant à toutes les autorités, notamment le wali de Constantine, la direction de la culture, maitre d'ouvrage délégué et l'OGEBC, pour user de tous les moyens afin de permettre la reprise des travaux, car il y va de l'avenir d'un pan de l'histoire de la ville de Constantine», a déclaré hier Amina Souissi, architecte chargée de ce dossier auprès de la direction des affaires religieuses, lors de l'émission Forum de la radio de Constantine. Depuis l'arrêt des chantiers de réhabilitation de 11 mosquées et 8 zaouïas situées dans la vieille ville, les riverains n'ont cessé d'alerter sur la dégradation de ces lieux, dont la structure ayant subi des décapages en règle, fait face à un ennemi redoutable : les dures conditions climatiques (pluie, froid, et humidité). Parmi les sites concernés se trouvent des mosquées datant de plusieurs siècles comme la mosquée de Sidi Affane, située à la rue Benzeggouta, construite au 10ème siècle, et Djamaâ El Kebir de la rue Larbi Ben M'hidi, réalisé en 1136, mais aussi la mosquée Sidi El Kettani, construite par Salah Bey en 1776, et autres Sidi Lakhdar, d'une valeur patrimoniale et historique inestimable. Pour Amina Souissi «il demeure urgent de mettre en place des moyens pour protéger ces lieux contre les risques de dégradation, surtout que nous sommes aux portes de l'hiver». La wilaya, mauvais payeur A défaut d'une réaction sérieuse, notamment de la part des autorités de la wilaya de Constantine, préoccupés beaucoup plus par le contournement de Djebel Ouahch de l'autoroute Est-Ouest, le cri de détresse des services des affaires religieuses semble résonner dans le vide, car même la direction de la culture et l'OGEBC semblent dans l'incapacité de trouver une solution à cette impasse, et seul le ministère de la Culture a la possibilité de débloquer cette situation, mais malheureusement la volonté n'y est pas. Pour rappel, les chantiers de réhabilitation qui ne concernent pas uniquement les lieux de culte, mais toute la vieille ville, sont à l'arrêt en raison d'un vide juridique dans le code des marchés publics algérien, où l'on n'a pas prévu le cas des entreprises mixtes, nées suite à un partenariat entre les bureaux d'études étrangers et nationaux, ce qui a débouché sur un problème de paiement, notamment en devises. L'arrêt de toute l'opération a poussé aussi les entreprises de réalisation à quitter les lieux, faute d'avoir perçu leurs situations financières. Ce qui était attendu comme une opération salutaire pour sauver le patrimoine architectural de la vieille ville, à l'occasion de l'évènement de Constantine capitale de la culture arabe, est devenu une véritable malédiction. Notons que le volet réservé aux lieux de culte a bénéficié d'une enveloppe de 1,690 milliard de dinars pour les mosquées et 328 millions de dinars pour les zaouïas. Des travaux, dont une partie devait être réceptionnée avant le lancement de l'évènement culturel de 2015, mais rien de tout cela n'a eu lieu.